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Bois de Maalhakws (Fraxinus Nigra) et décolonisation de la recherche

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Le frêne noir, une espèce feuillue dominante et codominante des milieux humides, occupe une place primordiale dans la culture w8banaki (Abénakis). Effectivement, dans les cosmologies w8banakiak, les Aln8bak (êtres humains), ont été façonnés à partir du frêne[1] [2]. Son bois est également essentiel à la pratique de la vannerie traditionnelle. Vers 1880, la fabrication d’abaznodal (paniers de frêne noir) devient une réelle industrie pour la Nation W8banaki. Face aux changements engendrés par la colonisation, ce nouveau moteur économique constitue alors le principal moyen de subsistance pour de nombreuses familles, permettant ainsi à la Nation de survivre. L’espèce est donc sacrée et fortement liée à l’identité et à l’histoire de la Nation.

Le frêne noir est aujourd’hui grandement menacé par l’agrile du frêne[3]. De plus, les W8bankiak ont remarqué, dans les dernières années, un déclin de la qualité des billes de frêne noir et l’approvisionnement se fait de plus en plus difficile.  Face à cette situation, il est important d’agir afin d’assurer la continuité de la vannerie et le maintien du lien sacré au frêne noir. C’est pour cette raison que le Grand Conseil de la Nation Waban-Aki (GCNWA) et plus spécifiquement le Bureau du Ndakina (BDN), ont initié un projet de recherche sur le frêne noir, en collaboration avec l’Université Laval et le Centre de recherche sur les matériaux renouvelables (CRMR). Démarré en janvier 2019, l'objectif général du projet est de soutenir la Nation W8banaki dans sa volonté de répondre aux enjeux du frêne noir tout en soulignant l'importance culturelle de l'espèce.

Dans cette présentation conjointe de Laurence Boudreault (Candidate au doctorat en sciences forestières) et David Bernard (Coordonnateur de la recherche au BDN du GCNWA), nous discuterons des mécanismes éthiques de collaboration mis en place dans le cadre de ce projet ainsi que des principaux défis qui limitent une « autochtonisation » ou une « décolonisation » des recherches, et ce malgré un véritable partenariat.

En science naturelle on remarque actuellement un engouement face aux recherches qui intègrent les Premières Nations et les savoirs autochtones. Ne prenant pas toujours acte de tout le travail qui a été fait du côté des sciences humaines et sociales, ce type de recherches ne captent pas toujours la complexité des phénomènes, des dynamiques étudiées et des savoirs autochtones mobilisés[4]. Les savoirs autochtones sont donc souvent instrumentalisés et intégrés aux modèles des sciences naturelles de manière hiérarchique. Du certificat éthique à la modélisation des données [5], il est primordial de remettre en question les démarches scientifiques et les protocoles de recherche. Dans ce contexte, imposer un cadre scientifique rigide conduit à une hiérarchie des connaissances[4] [8], et donc à une réaffirmation de la supériorité des épistémologies occidentales[8]. En solidifiant les bases méthodologiques et les perspectives théoriques dans le courant croissant des études interdisciplinaires et qui mobilisent les savoirs autochtones tout en reconnaissant l’expertise et les aspirations des Nations, ce type de projet participe à la décolonisation des disciplines, comme celle des sciences du bois et de la forêt. 

Cette communication se fera via Zoom.

Laurence Boudreault

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David Bernard

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