Étude sur l’usage à l’écrit de la morphologie modificative/altérative de l’italien L1 en vue de son enseignement en langue étrangère (Omar Colombo, Paris-Sorbonne University Abu Dhabi)
Mon statut pour la session
Quoi:
Session régulière / Regular Session
Quand:
1:45 PM, Mardi 25 Avr 2017
(30 minutes)
Où:
UQAM - Pavillon J.-A.-DeSève (DS)
- DS-R520
Thèmes:
Session: Morphosyntax in written proficiencyBloc: La morpho-syntaxe dans les compétences écrites
Nous étudions les besoins de formation en langue étrangère (LE) à partir de l’usage que les italophones natifs font de la morphologie altérative ou modificative (Mutz, 1999) de l’italien.
Hypothèse : les italophones utiliseraient plusieurs morphèmes modificatifs d’après le contexte d’usage.
VINCA (Varieté di Italiano di Nativi Corpus Appaiato, Université de Turin) est un corpus de textes écrits par des natifs italophones à partir d’images. Une image affiche des oppositions dimensionnelles (petit homme vs homme grand) et qualitatives (chien gentil vs chien méchant) parmi les référents, ce qui pourrait se traduire en utilisant les suffixes altératifs/modificatifs : diminutifs (omino « petit homme »), augmentatifs (omone « homme grand »), affectifs (cagnolino « chien gentil ») et péjoratifs (cagnaccio « chien méchant »). Nous avons relevé les constructions modificatives employées, et leurs contextes d’emploi, dans 141 textes écrits.
Résultats.
Suffixes. Les plus fréquents sont les diminutifs –ino/–etto/–ello et l’augmentatif –one, comme dans les corpus de l’italien parlé : ces suffixes deviendraient prioritaires dans l’apprentissage en italien LE.
Lexique et syntaxe.
(1) Les rédacteurs devaient désigner les référents de l’image et leurs oppositions, trois implications en découlent.
-Les mots les plus fréquemment altérés sont des noms ; ils sont fréquents aussi dans les discours des italophones, en effet on les trouve souvent dans les manuels d’italien LE (calza/calzino « chaussette »).
-Le sens lié à la dimension (petit/grand) est privilégiée.
-La majorité des noms altérés ont subi un procès de lexicalisation : en LE, la mémorisation des altérés lexicalisés, les plus fréquents, est essentielle pour la désignation (le mot pallone est le seul qui désigne son propre référent, le ballon). Tandis que pour l’altération affective/péjorative le locuteur peut utiliser deux stratégies pour aboutir au sens à exprimer (Le Ny, 2005 : 100).
a) Substitution paradigmatique. L’hyperonyme (cane) pour l’hyponyme (cagnolino/cagnaccio) : « [les] hyperonymes sont prévisibles dans la mesure où l’ensemble de leurs traits sémantiques est compris dans la définition du nom retenu » (Petiot & Reboul-Touré, 2005 : 219).
b) Structures syntaxiques particulières. Qualification de l’hyperonyme par des adjectifs : un omino devient un uomo piccolo (« homme petit »)/un piccolo uomo (« petit homme »). L’adjectif apporte à l’hyperonyme le même sens que le suffixe altératif vu le rapport d’inclusion sémantique entre l’adjectif (piccolo) et le suffixe altératif (-ino). Étant donné leur productivité, ces adjectifs, et leurs règles de collocation syntaxique, devraient être favorisé(e)s dans l’apprentissage en LE.
(2) La morphologie complexe présenterait des difficultés pour l’apprenant d’une LE. Un signifié peut ne pas être associé à un même signifiant (Touratier, 2002 : 25) : élargissements morphosémantiques (cane®cagnolino), interfixes (trott(are)-er-ell-are « trottiner »), cumul de suffixes (giubb(a)-ott-ino « petit blouson »). En LE il faudrait donner la priorité à l’apprentissage de la construction prototypique base+suffixe (pall(a)+one).
En LE, la compétence linguistique la plus importante est la lexicale (Ferreri, 2005 : 309) puisqu’elle permet de désigner les objets du monde : l’apprentissage de la morphologie modificative est nécessaire car nombre de ces désignateurs sont des noms altératifs.
Mots-clés : italien L1/L2, écrit, besoins de formation, apprentissage morphosémantique et lexical.
Bibliographie
Ferreri, S. (2005). L’estensione delle conoscenze lessicali individuali. In : Chiari, I., De Mauro, T. (Éd). Parole e numeri. Analisi quantitative dei fatti di lingua. Roma : Aracne, pp. 307-334.
Le Ny, J.F. (2005). Comment l'esprit produit du sens. Paris : Ed. Odile Jacob.
Mutz, K. (1999). Les dérivés évaluatifs de l’italien : comment la diachronie explique la synchronie. In : Corbin, D., Dal, G. & all. (Éd.). La morphologie des dérivés évaluatifs. Forum de morphologie (2e rencontre). Actes du colloque de Toulouse (29-30 avril 1999), Silexicales n. 2-1999, Lille, U.M.R. 8528 du CNRS (SILEX) – Université de Lille III, pp. 161-167.
Petiot, G., Reboul-Touré, S. (2005). Apprentissage et enseignement du lexique : pour une didactique mettant en œuvre les discours et la langue. In : Grossmann, F., Paveau, M. A., Petit, G. (Éd). Didactique du lexique : langue, cognition, discours. ELLUG-Université Stendhal-Grenoble 3, pp. 215-226.
Touratier, C. (2002). Morphologie et Morphématique. Analyse et morphèmes. Publications de l’Université de Provence.