Développer la conscientisation interculturelle pour une inclusion efficiente des élèves dits allophones en France
Mon statut pour la session
Développer la conscientisation interculturelle pour une inclusion efficiente des élèves dits allophones en France
Julie Prévost
Laboratoire ATILF-CNRS, UMR 7118, équipe Didactique des langues et sociolinguistique,
Université de Lorraine-CNRS
En France, les concepts d’intégration – issu du modèle médical du handicap – et d’insertion – reposant sur l’idée de l’addition à la communauté – ont été progressivement remplacés par la notion d’inclusion. Toutefois, malgré la loi du 11 février 2005 sur l'égalité des droits et des chances, renforcée par celle du 26 juillet 2019, l’Ecole peine encore, sinon à s’ouvrir sans restriction, du moins à répondre aux besoins éducatifs de tous. C’est notamment le cas pour les élèves migrants[1] dits allophones pris en charge dans des dispositifs inclusifs. Or, les nombreuses disparités territoriales – « télescopées aux ségrégations ethno-raciales » (Armagnague-Roucher & Bruneaud, 2016 : 15) aboutissent à une inclusion inégale qui apparaît davantage comme une affiliation (Prévost, 2021) mettant en difficulté les apprenants et limitant leur parcours scolaire (Cortier, 2007 ; Guedat-Bittighoffer, 2015 ; Armagnague et al., 2019 ; Deauvieau & Terrail, 2020). La question interculturelle, bien qu’interrogée par la recherche (Galligani, 2012 ; Duguet & Morlaix, 2021), est, sur le terrain, reléguée, voire tue – sans doute parce que consubstantielle des inégalités socioéconomiques et des ségrégations ethno-raciales. L’Ecole française connaît une tension paradoxale entre la valorisation des registres linguistiques et culturels pluriels et la mise en valeur de la langue française comme celle de « la République indivisible »[2] et du citoyen. De fait, une réflexion sur la conscientisation interculturelle – dans un contexte de mondialisation et d’accélération des mobilités – s’avère indispensable pour une réelle inclusion de tous les élèves.
Cette proposition de communication s’inscrit dans l’axe 1/Inclusion. Il s’agirait de mener une réflexion sur la conscientisation interculturelle pour prévenir les préjugés, les discriminations ou le culturalisme et mettre en œuvre, en France, une inclusion efficiente des élèves dits allophones. Cette catégorisation, sous couvert de définir des besoins essentiellement linguistiques (Circulaire 2012-141) désigne des réalités sociales hétérogènes. Nous prendrions appui sur une étude qualitative réalisée dans deux établissements contrastés du secondaire français auprès de 6 professeurs et de 33 élèves dits allophones.
Références:
Armagnague, M., Clavé-Mercier, A., Lièvre, M., Oller, A.C., (2019). Les dispositifs de scolarisation des enfants et jeunes migrants en France : des producteurs de “scolarités contraintes”, L’éducation en milieux contraints, Cahiers de la recherche sur l’éducation et les savoirs, 147-172.
Armagnague-Roucher, M. & Bruneaud, J. (2016). Introduction. Populations minorisées et justice scolaire : quelques enjeux pour les populations migrantes ?. Les cahiers de la LCD, 2, 13-24. https://doi.org/10.3917/clcd.002.0013
Belgacem, D. (2012). Identité et culture : quelle construction identitaire pour l'enfant de migrant. Les Cahiers Dynamiques, 57, 51-56. https://doi.org/10.3917/lcd.057.0051
Circulaire 2012-141, 2 oct. 2012, Organisation de la scolarité des élèves allophones nouvellement arrivés.
Cortier, C. (2007). Accueil et scolarisation des élèves allophones à l'école française. Dans Raynal M. (dir.), Les enjeux de l'apprentissage de la langue française, Diversité, (151), 139-145.
Deauviau, J., Terrail, J. P. (2020). L’école unique à la française : dispositifs pédagogiques et inégalités sociales, Sociologie, 2(2), 167-187. http://journals.openedition.org/sociologie/7066
Duguet, A., Morlaix, S. (2021). Rôle de la formation des enseignants du second degré sur leurs pratiques pédagogiques. Dans : Inclusion en contexte de diversité ethnoculturelle : pratiques institutionnelles et points de vue des apprenants sur leurs expériences scolaires, Recherches en éducation (44), 130-148.
Galligani, S. (2012). Regards croisés sur les enfants venus d’ailleurs et scolarisés en France, Les Cahiers du GEPE, (4/ 2012). Dans : Les langues des enfants “issus de l’immigration” dans le champ éducatif français, Presses universitaires de Strasbourg, http://www.cahiersdugepe.fr/index.php?id=2314
Guedat-Bittighoffer, D. (2015). La scolarisation des élèves allophones au collège : étude comparative des modalités d’organisation de quatre dispositifs d’accueil et des effets potentiels sur l’apprentissage du français, Les Sciences de l'éducation - L'Ère nouvelle, (48-3), 83-107. https//doi.org/10.3917/lsdle.483.0083
Prévost, J. (2021). Obstacles et facilitateurs à l’inclusion des élèves à l’inclusion scolaire des élèves allophones dans l’enseignement secondaire en France et incidences didactiques, thèse de doctorat, Université de Lorraine, France, soutenue le 26 novembre 2021 (non publiée).
[1] De 38 226 repérés en 2002-2003 à 67 909 en 2019 (MEN-DEPP, 2020).
[2] Articles 1 et 2 de la Constitution française.