Défendre le droit à la formation linguistique pour tous : regards sur l’engagement d’acteurs associatifs auprès de personnes migrantes
Mon statut pour la session
Défendre le droit à la formation linguistique pour tous : regards sur l’engagement d’acteurs associatifs auprès de personnes migrantes
Coraline Pradeau
Université de Nouvelle-Calédonie, ERALO
Cette communication propose d’aborder la thématique de l’inclusion dans le domaine des migrations. Elle vise à documenter les glottopolitiques (Guespin et Marcellesi, 1986 ; Blanchet, 2016) mises en œuvre dans le domaine associatif, pour le droit à la formation linguistique des personnes migrantes qui ne sont pas ciblées prioritairement par les politiques linguistiques institutionnelles en France. Les ressortissants non européens admis à séjourner légalement sur le territoire français – les « primo-arrivants » – doivent signer un contrat d’intégration républicaine (CIR), selon lequel ils s’engagent à suivre une formation linguistique[1]. Ces formations prises en charge financièrement par l’État ne sont pas accessibles à tous. Les demandeurs d’asile, les personnes déboutées du droit d’asile et sans titre de séjour, ainsi que les étrangers arrivés sur le territoire avant l’apparition du contrat d’accueil et d’intégration (l’ancienne formule du CIR) ne peuvent y prétendre. Dans le monde associatif, des acteurs s’organisent pour prendre le relais des politiques institutionnelles et assurer la formation linguistique de ces personnes (Leconte et Pradeau, à paraître). Quelles actions glottopolitiques sont déployées pour que les dispositifs d’accompagnement linguistique s’ouvrent à la diversité de toutes les personnes migrantes ? Quelles négociations sont entreprises avec les institutions pour proposer des politiques éducatives et linguistiques plus inclusives ?
L’enquête repose sur dix entretiens auprès d’acteurs œuvrant à la formation linguistique de personnes migrantes, quel que soit leur statut administratif. Six témoins sont impliqués auprès d’étudiants exilés à l’université ; quatre autres organisent des cours de français pour des adultes au sein d’associations de proximité. L’étude se concentre d’abord sur les modalités d’engagement de ces témoins. Nous verrons que les points d’ancrage et les trajectoires individuels des personnes évoluant dans ces associations ne peuvent expliquer que partiellement le maintien de leur engagement bénévole et/ou de leur militantisme (Havard & Duclos, 2005a ; 2005b). Nous verrons également que les associations dans lesquelles ces acteurs évoluent leur permettent de porter collectivement des revendications, des stratégies de contournement et des actes de résistance. Enfin, l’étude montrera comment des actions glottopolitiques engagées peuvent avoir un impact sur le contenu des politiques linguistiques et éducatives institutionnelles, en pensant conjointement les échelles macro-institutionnelles et micro-individuelles.
Références
BLANCHET Philippe, 2016, « Les apports d’une perspective glottopolitique en didactique du français », dans Philippe, Blanchet (coord.), Politiques linguistiques et enseignement-apprentissage de français : quelles perspectives pour la pluralité linguistique ?, E M E Éditions, Louvain-la-Neuve, p. 11-18.
GUESPIN Louis, MARCELLESI Jean-Baptiste, 1986, « Pour la glottopolitique », Langages, n° 83, p. 5-34, URL : https://www.persee.fr/doc/lgge_0458-726x_1986_num_21_83_2493 (consulté le 22/03/2021).
HAVARD DUCLOS Bénédicte, NICOURD Sandrine, 2005a, Pourquoi s’engager ? Bénévoles et militants dans les associations de solidarité, Payot, Paris.
HAVARD DUCLOS Bénédicte, NICOURD Sandrine, 2005b, « Le bénévolat n'est pas le résultat d’une volonté individuelle », Pensée plurielle, 1, n° 9, p. 61-73. URL : https://www.cairn.info/revue-pensee-plurielle-2005-1-page-61.htm (consulté le 22/03/2021).
LECONTE Fabienne, PRADEAU Coraline, à paraître, « Glottopolitiques vis-à-vis des exilés et des mineurs non accompagnés en France », Études de linguistique appliquée.
[1] Si leur niveau de français est jugé inférieur au niveau A1 du cadre européen commun de référence pour les langues.