Travailler la conscientisation interculturelle par l’exercice de la conscience linguistique
Mon statut pour la session
Travailler la conscientisation interculturelle par l’exercice de la conscience linguistique
Corinne Gillon
Département des Sciences de l’Éducation, Haute École de la Ville de Liège
Des questions en anglais et en français sont les bienvenues.
Interroger les missions des enseignants de langues priorise le développement d’une compétence linguistique, la « conscience linguistique », ou faculté de questionnement à l’égard des énoncés afin de déceler leur portée culturelle et idéologique.
Dans la société contemporaine culturellement, linguistiquement, ethniquement diverse, l’hétérogénéité est omniprésente dans la plupart des communautés de locuteurs et les paramètres communicationnels ont changé.
La recherche en linguistique a montré, dans les travaux de sociolinguistique et d’écologie linguistique, la très grande interaction entre langue et diversité des locuteurs, entre langue et environnement social, culturel, géographique. Dès lors, il y a risque d’inintelligence, de méprise si n’est pas considérée la culturalisation des énoncés et des savoirs.
En effet, la langue façonne notre perception de la réalité et notre mode de pensée et il importe d’en être conscients au plan de nos pratiques didactiques qui devraient transmettre aux apprenants le métalangage minimal et la posture critique nécessaire à la conscience linguistique et ce, tant dans la pratique de la langue maternelle que dans celle de langues étrangères.
Faculté d’interprétation éclairée et critique des énoncés, cette compétence consiste aussi à distinguer les différents usages sociaux, scolaires et culturels d’une langue, à savoir la langue courante pour les échanges interpersonnels et informels, la langue d’enseignement, comme véhicule des savoirs disciplinaires et culturels, la langue de scolarisation ainsi que les analogies et interactions entre ces usages. Moteur de la conscientisation interculturelle, elle exige une formation didactique appropriée, ouverte à l’altérité, à la perception nuancée des valeurs.
Comment insuffler cette vigilance cognitive à l’égard des variations linguistiques, des nuances de sens, du poids des tournures énonciatives, des connotations, de l’implicite… ?
Nous proposons un retour d’expérience méthodologique orientée vers des tâches fonctionnelles, professionnalisantes, des dispositifs interactifs (web documentaire, texte balisé, carte conceptuelle) et l’exercice de compétences informationnelles.
Références
Alvarez-Péreyre, F. (1998). « La conscience linguistique : pourquoi, comment ? », sous la direction de Jean- Claude Bouvier. « Les Français et leurs langues ». Montpellier, France. Publications de l’Université de Provence, pp. 291-302, 1991. <halshs-00174649>.
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Collectif Manouchian (2012), Dictionnaire des dominations de sexe, de race, de classe. Paris : Éd. Syllepse.
Gadet, F. (2009). « Sociolinguistique, écologie des langues, et cetera » In Langage et Société 2009/3 n°129 – Paris : Éditions de la Maison des sciences de l’homme.
Gillon, C. (2019). Conscience linguistique, conscience citoyenne en formation pédagogique. Editions universitaires européennes.
Sitographie
http://www.cultureetdemocratie.be/productions/view/la-langue-entre-promesses-oublis-et-dominations
https://globaldigitalcitizen.org/12-strategies-teaching-critical-thinking-skills
https://www.edglossary.org/about/
https://scholar.google.com/citations?user=8mm3GBsAAAAJ&hl=en
https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000234807_fre
https://www.academia.edu/36074397/Guide_pour_léducation_plurilingue_et_interculturelle_Conseil_de_l_Europe