11.00 Des anciens protecteurs aux nouveaux acteurs de la démocratie sanitaire, un rôle renouvelé du patrimoine comme ressource pour la construction de l'espace public de la santé
My Session Status
Un espace public de la santé peine à se construire. Le débat, la controverse, naissent un peu partout et sur de nombreux sujets sans trouver à s’organiser, sans que la parole des citoyens, pas plus que celle des professionnels, ne parvienne à devenir force de proposition. Depuis dix ans, les « crises » ont balayé tout ce qui n’est pas directement « comptable ». Au-delà de ce que coûte sa préservation et sa présentation, le patrimoine s’est trouvé exclu des préoccupations hospitalières et sanitaires en général, ne pouvant exercer sa fonction sociale dans un contexte où ce à quoi il peut servir n’est plus discuté.
Il y a dix ans, nous avions regardé comment apparaissaient les acteurs et les médiateurs du patrimoine de la santé, dans le cadre particulier des hôpitaux locaux dans les petites villes de Bourgogne. Nous étions alors dans une période d’essor de la prise de conscience de l’existence et des potentialités de ce patrimoine, en même temps que fleurissaient de nombreuses initiatives, plus largement, sous le nom de « culture à l’hôpital ». La situation actuelle est bien différente, sous l’étouffoir des restrictions budgétaires. Pourtant, les questions liées à la santé, à l’éthique, à l’environnement, à l’économie, ont gagné en actualité. De nouveaux acteurs sont apparus, qui ignorent l’outil patrimonial, rentré dans sa coquille dans l’obscurité des recoins hospitaliers. Pourtant, la démonstration était faite de l’apport du patrimoine au débat citoyen sur la santé.
Il s’agit aujourd’hui de regarder comment apparaissent de nouveaux acteurs de la patrimonialisation dans le champ de la santé, ou comment les acteurs existants assurent la continuité de leur rôle lorsque leur domaine n’est plus considéré comme partenaire dans l’élaboration des choix sanitaires.
Les acteurs d’il y a dix ans, avec la variété de leurs expertises, donnaient accès au patrimoine comme une ressource où pouvaient puiser les chercheurs, les soignants, les administrateurs, les usagers, la société civile en général ; une ressource culturelle, scientifique, symbolique, communicationnelle, citoyenne.
La ressource est toujours là, souvent mieux préservée qu’autrefois, mais rarement valorisée autrement qu’en termes d’image aimable lorsqu’elle n’est pas simplement ignorée. Les besoins n’ont fait que croître de porter sur la place publique les enjeux sanitaires, notamment socio-environnementaux. Mais les porteurs du débat sont le plus souvent différents de ceux qui connaissent la ressource patrimoniale.
À la lumière de notre observation de 2005, nous tentons d’identifier aujourd’hui qui peuvent être les nouveaux acteurs de la patrimonialisation de la santé, qui sont ceux qui découvriront à nouveau la malle au trésor et porteront un projet renouvelé d’utilisation de la ressource patrimoniale pour mettre en scène un discours sur la santé et le bien-être dans leur prise en charge par la société. Les patrimoines de la santé sont les artéfacts, ce qui reste des interactions entre cette mission solidaire et les réponses apportées au fil du temps par les techniques médicales, le soin, l’alimentation, les architectures hospitalières, les modes de gestion des personnels, les interventions artistiques, les actions sur l’environnement. Ce « reste » résulte de critères de tri conditionnés par des objectifs de conservation variables au cours du temps.