L’architecture du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais au prisme de la recherche par le projet, ou comment faire des restes post-indutriels une ressource créative
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What:
Paper
When:
3:30 PM, lunes 29 ago 2022
(20 minutos)
Where:
UQAM, pavillon J.-A. De Sève (DS)
- DS-1420
Le Bassin Minier français du Nord et du Pas-de-Calais se caractérise par un paysage, un urbanisme et une architecture résultants de deux siècles d’exploitation industrielle du charbon, en transition brutale suite à la fermeture des mines. Depuis son inscription par l'UNESCO en 2012 sur la liste du patrimoine mondial au titre de «paysage culturel évolutif et vivant», la reconnaissance de ce territoire, pensée comme une force de résilience pour une transition ambitieuse, a porté la question patrimoniale et architecturale sur un terrain et à une échelle rarement abordés, soulevant de nombreuses questions face à ce patrimoine vécu et habité (Prost, Monsaingeon 2020).
Ce territoire et les problématiques liées à son échelle et à sa situation sociale ont déjà été présentés à l’occasion du XVIe congrès du TICCIH de Lille en 2015 (Hachez Leroy 2018, Alessandri 2018, Prost 2018). Six ans plus tard, la communication propose de revenir sur ce patrimoine à travers la démarche de recherche par le projet en architecture, entendue comme une recherche-création pour penser le futur de ce territoire.
Pour cela, l’auteur présentera son travail de doctorat par le projet en architecture et aménagement en cours depuis 2019 au sein de l’école universitaire de recherche Humanités, Création et Patrimoine, qui regroupe autour de l’université CY Cergy Paris cinq écoles dans les domaines de la création et du patrimoine.
Cette étude s’intéresse à l’échelle territoriale du patrimoine minier, et notamment du « petit patrimoine » de l’habitat ouvrier et des équipements dont la vie continue après la mine. A partir d’une poïétique architecturale, et en mobilisant les disciplines de l’aménagement, de la géographie sociale, du paysage, du patrimoine, de l’histoire, mais aussi de la littérature, de la photographie ou du dessin, le travail vise à démontrer que ces « restes » miniers peuvent être mobilisés comme une ressource architecturale créative, pour dépasser l’approche muséale conservatrice et imaginer un avenir post-industriel à ce territoire et à ses habitants – en bref, passer d’une économie extractive à une écologie de la gestion de ses restes (Debary, 2002).
Ce travail est construit par un va-et-vient permanent entre pratique au sein de l’Atelier d’Architecture Philippe Prost (AAPP) et recherche plus fondamentale. Il mobilise plusieurs corpus articulés dans l’espace et le temps par un emboîtement des échelles (approche typologique, du grand territoire à la matière élémentaire de la brique) et des temporalités (du temps de la thèse, relativement court, au temps long et prospectif des projets d’architecture et d’urbanisme).
Dans ce travail, les outils de l’architecte-concepteur, et notamment le processus créatif du projet, sont pensés et mobilisés comme producteurs de connaissance et intégrés à la démonstration (Cohen, 2018) pour faire non plus une recherche « sur » le projet ou « sur » le patrimoine, mais une recherche « par » le projet, une véritable recherche « en » architecture et « en » patrimoine, capable de porter un nouveau regard sur les cités minières, leur transformation et leur réinvention au XXIe siècle.