Reshuffling of Knowledge and the Making of Autochthonous Cultural Heritage : Ethnographical Perspectives I | Mise en patrimoine et recomposition de régimes de savoir. Ethnographies d’expériences autochtones I
Mon statut pour la session
The specific forms of remembrance among Amerindian minorities, therefore, display a twofold dimension. On the one hand, they are fostered within their very own localized cultural and social mould. On the other hand, they are now also, quite often, used within a globalized world as a means of reinforcing collective identities, or even new forms of indigenousness. Analyzing the patrimonial patterns that can be found during fieldwork consequently requires solving how all this is forced upon and adopted by people, but also understanding how Native actors manage, in response, to reclaim the right to handle their own cultural narratives and establish them as a source for the statement of their very own identity.
These topics were at the core of the project FABRIQ’AM (http://fabriqam.hypotheses.org). This session will be an opportunity to share the results of some analyses carried out in this project as well as to develop a comparative approach by including works from other cultural contexts. Based on a fine-grained ethnography of case studies, the contributions should analyze the processes of transformation triggered by the heritagization of cultural items in socially and culturally minorized societies across the world. The main focus will be on changes concerning the local conceptions of knowledge and transmission, of time and historicity, and of the life of cultural objects and artefacts (from the most intimate spheres to the tourist handicraft market, from the private/secret to the public domain…).
Through the study of cultural heritagization, which reveals individual options, strategies of self-definition and political agendas, the ambition of this session is to help decipher how Native peoples strive to fit into modernized society and how they negotiate with different patterns of knowledge and historicity.
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La «mise en patrimoine» d’éléments culturels, matériels et immatériels, devient depuis plusieurs années l’un des moyens par lesquels les groupes amérindiens recherchent une visibilité et une reconnaissance dans un paysage social et politique marqué aujourd’hui dans la plupart des pays américains par une valorisation affichée de la diversité culturelle.
Les phénomènes de patrimonialisation culturelle, amplement étudiés ailleurs (surtout en Amérique du Nord) sont moins connus dans les espaces méso et sud-américains et encore moins chez les sociétés amérindiennes. Au sein de ces groupes, les conceptions de ce qui doit être conservé ou oublié, les manières de transmettre les connaissances et les savoirs, les modes d’historicité semblent bien souvent aller à l’encontre de l’idée même de la patrimonialisation telle qu’on l’entend dans le monde eurocentré. Par ailleurs, à la suite des médiations et des formes d’inculcation de schèmes formulées en dehors des sociétés amérindiennes, celles-ci transforment aujourd’hui certaines de leurs pratiques en nouvelles formes plus objectivables pour l’extérieur et qui participent de modalités inédites de transmission aux nouvelles générations.
Les formes de transmission mémorielle des sociétés amérindiennes ont alors une double dimension. D’une part, elles se construisent dans une matrice culturelle et sociale locale qui leur est propre. D’autre part, elles sont aussi, pour beaucoup, désormais investies au sein d’un monde globalisé en tant que ressources mobilisables pour conforter une identité collective, voire de nouvelles formes d’indianité. L’analyse des configurations patrimoniales que l’on peut observer sur le terrain demande alors une élucidation de ces formes d’adaptation mais aussi la compréhension de la manière dont les acteurs indigènes ont su, en retour, se réapproprier un droit à construire un discours propre sur leur culture.
Ces thématiques ont été étudiées au sein du projet FABRIQ’AM (http://fabriqam.hypotheses.org). Cette session, qui se veut ouverte à d’autres contextes, sera l’occasion de présenter dans une visée comparative certaines recherches issues de ce projet ainsi que d’autres travaux réalisés sous cet angle concernant d’autres aires culturelles. Les communications s’attacheront à élucider, à partir d’études de cas finement ethnographiés, les processus de transformation suscités par «la mise en patrimoine» dans des sociétés culturellement et socialement minorisées à travers le monde. On s’intéressera notamment aux changements affectant les régimes de savoir, les régimes de temporalité et d’historicité ainsi que ceux concernant le devenir d’objets/artéfacts (de la sphère intime à l’artisanat touristique, du privé/secret au public…). À travers l’étude de la patrimonialisation culturelle, prise comme révélatrice de jeux d’acteurs, de stratégies de définition de soi et de construction du politique, l’enjeu est d’aborder les modalités de l’insertion dans la modernisation des sociétés étudiées et leur capacité à l’investir, en mettant au jour les formes de cohabitation et de composition de régimes de savoirs et d’historicité.
Sous sessions
Avant le « contact », les Matis d’Amazonie brésilienne entretenaient avec certains objets un rapport des plus personnels, voire intimes. Considérés comme de véritables extensions de la personne, et donc difficilement aliénables, ces artéfacts étaient de ceux qu’on ne pouvait ni donner, ni prêter, ni même, dans certains cas, ne serait-ce que montrer à autrui. Tel était le cas, par exemple, de leurs colliers, de leurs sarbacanes, de leurs masques ou encore des récipients d’argile dans lesque...
Au Brésil, les Ye’kuana (Karib) comptent une population de quelque 600 personnes. Leurs villages se trouvent dans la Terre Indigèna Yanomami, État de Roraima (RR), près de la frontière avec le Venezuela, pays où habite la majorité de ce peuple. Actuellement, la population du côté brésilien se distribue entre quatre villages principaux, au bord des fleuves Auaris et Uraricoera. La langue maternelle est très vivante et utilisée dans les villages et en ville, à Boa Vista, capitale du Roraima,...
Kachun waqachi est le nom d’une variété de pomme de terre native des Andes du Sud du Pérou. Elle doit son nom à sa morphologie particulière, avec des yeux profondément enfoncés dans des replis arrondis. La peler est un défi que les jeunes filles des communautés des hauteurs de Pisac (Cusco, Pérou) se devaient de relever pour montrer qu’elles étaient prêtes pour le mariage. Une tâche bien difficile… Si ce rituel a désormais disparu, la variété est toujours présente. Et dans le Parc de la pomme...
Ma contribution portera sur les manifestations culturelles qui ont lieu lors de la fête des morts dans la société des Indiens mazatèques. Il s’agira d’aborder les ressorts paradoxaux liés à la mise en patrimoine de cet événement en considérant simultanément les opérations de mise en valeur dont elle est l’objet et le prolongement souterrain d’un rapport intime aux défunts. Dès les années 1980, bien avant sa reconnaissance par l’UNESCO comme patrimoine culturel immatériel, les expositions d...
Un groupe humain peut-il devenir le patrimoine culturel d’un autre ? Jusqu’à quel point est-il possible de manipuler les limites de la catégorie du patrimoine vivant pour y intégrer des êtres humains ? L’enjeu de cette communication est de répondre à ces questions à partir de l’ethnographie réalisée auprès du groupe Kakataibo de la famille linguistique pano en Amazonie péruvienne. Dans les ontologies animistes des basses terres d’Amérique du Sud, les plantes, les animaux et les artéfacts s...
Dès que les Suruí ont besoin de montrer aux autorités brésiliennes ou à des étrangers qu’ils possèdent une « culture » singulière, justifiant des droits et des demande de soutiens, c’est vers une pratique rituelle, la fête de boisson, qu’ils se tournent systématiquement, comme de nombreuses autres populations d’Amazonie amérindienne. Ce choix s’explique en partie par des contraintes externes : la fête de boisson permet de produire et manipuler des choses qui apparaissent (ou sont jugées susce...
En 2002, dans la région du Choco, à l’issue d’un violent affrontement entre la guerilla FARC et les paramilitaires, 170 membres de la communauté villageoise noire de Bellavista de la rivière Bojaya se réfugient à l’église. Ils périssent, brûlés vifs sous l’impacte d’une bombe artisanale des FARC, accompagnée de tirs de mortiers qui laissent leur village en ruines. L’horreur provoquée par ce massacre, fortement médiatisé au niveau national et international, entraîne une multiplici...