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11.30  De l’autochtonie au patrimoine, expériences kali’na en Guyane (France, 1980-2015)

Mon statut pour la session

Cette communication se fonde sur une recherche-action de trente mois en continu sur la commune d’Awala-Yalimapo (Guyane, 1300 habitants) créée en 1988 à la suite de revendications autochtones. 

Ce mouvement autochtone s’est joué à plusieurs échelles, dont celle de l’autodésignation kali’na en Guyane, et s’est accompagné d’un travail sur la « culture » kali’na et l’histoire des Kali’na Tiliwuyu. Je m’attacherai ici à distinguer plus précisément trois manières de mise en patrimoine au cours des trois dernières décennies à travers la « littéracie », l’événement et le lieu. Ainsi au cours des années 1990 est engagé, avec le concours d’une linguiste et d’un ethnologue, un travail sur la langue, visant à fixer une norme graphique, et l’histoire, ayant notamment abouti à la publication d’un livre et d’une exposition. Depuis le début des années 2000, la municipalité organise trois manifestations culturelles périodiques à caractère patrimonial. Elles ont été conçues dans le double objectif de revitalisation et de reconnaissance, dans un esprit d’ouverture et de partage. Enfin, depuis 2010, la commune s’est engagé dans la construction d’un « pays d’art et d’histoire » transfrontalier. La candidature à ce label-réseau français obtenu en 2014 a été accompagnée d’un inventaire participatif du patrimoine culturel, programme qu’on m’a demandé de piloter. Pour la municipalité, adossée à un conseil de la culture et une commission mixte commune-communauté, il s’agit de se doter d’un centre d’interprétation et d’une programmation culturelle pérenne co-construite avec la collectivité adjacente de Galibi, au Suriname. 

Dans le cadre de ma présentation, l’attention sera portée sur les intentions patrimoniales, à travers les discours des acteurs. Ces discours traitent de la relation inter-générationnelle à l’échelle locale, et de la relation inter-culturelle à l’échelle sociétale, en se situant dans un double processus inverse de mise en évidence volontariste d’une « culture » singulière par la politique culturelle de la collectivité territoriale, et d’infiltration sociale spontanée par les imaginaires et les pratiques environnants. En s’appuyant sur une ethnographie très située mais attentive aux imaginaires glocaux et à la mobilité sociale, il s’agit de mettre en évidence une politique du sujet se disant Kali’na sur la commune d’Awala-Yalimapo, politique qui a intégré des actions de patrimonialisation spécifiques qui ont un impact sur les processus de subjectivation. Analyser de l’intérieur la manière dont un réseau d’acteurs, dont l’ethnologue et des services de l’État, s’est placé dans une situation de patrimonialisation nécessite de resituer ce moment dans la trajectoire d’un collectif d’habitants, qui produit sa localité de multiples façons et à plusieurs échelles. L’expérimentation du « patrimoine » est donc aussi observée dans sa relation au rituel, qui ne représente alors plus la situation principale de subjectivation kali’na.

Thomas Mouzard

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