11.30 Marseille : Itinéraires numériques à travers un patrimoine urbain
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La communication proposée s’articule autour des différentes modalités de médiation d’un patrimoine, plus particulièrement urbain, sous couvert de deux dispositifs accessibles sur le Web. Nous tenterons de distinguer dans quelles mesures ces dispositifs numériques peuvent construire des médiations intéressantes et par là transformer notre regard sur le patrimoine, redessinant les contours d’un patrimoine urbain.
Les dispositifs envisagés ont trait tous deux à la ville de Marseille. Premier dispositif, le « carnet » Marseille, le mistral urbain, a accompagné l’ouverture du MuCEM dans la cité phocéenne en 2013. Qualifié par ses concepteurs de dispositif de « prospective urbaine », il consiste en une longue fresque de dessins à l’encre, dynamique et interactive tout autant que sonore. La fresque défile et l’internaute choisit de s’attacher à quelque « panorama », et d’écouter de courtes séquences sonores mêlant paroles et ambiances issues du quotidien de la ville.
Le second dispositif, Promenade nocturne à Marseille, plonge pour sa part l’internaute dans l’effervescence du cours Julien, connu pour abriter artistes et populations parfois marginales, où le « street art » est roi. La voix du guide accompagne la déambulation à travers les rues animées ; les photos panoramiques, sur le principe d’un street view nocturne, construisent une expérience immersive. Au détour des rues et ruelles, images, vidéos et bandes-son ponctuent la promenade, s’attachant à mettre en valeur quelque objet (fresque, graff, concert, légende urbaine…) afin d’en faire découvrir la diversité culturelle et l’histoire.
La méthodologie de recherche consiste en une analyse des contenus textuels, visuels ou sonores, dans sa déclinaison sémio-pragmatique. Elle vise, sous couvert d’interactivité ou de « signes passeurs », à souligner les dimensions de l’interaction qui se noue entre usager et dispositif. Le dispositif multimédia pourra alors être considéré comme outil susceptible de contribuer à quelque médiation, prenant en charge de multiples interactions entre l’objet et son public.
Dans cette réflexion, nous nous attacherons à montrer comment l’hybridation des formes numériques, associée au croisement des arts mobilisés, participe à construire des médiations synesthésiques pouvant façonner un autre regard sur le patrimoine – ou les patrimoines –, voire contribuer à « patrimonialiser » des objets et des monuments du quotidien.
Nous montrerons comment peuvent s’articuler des parcours de médiation singuliers, et avec eux autant de manières de donner à voir et à entendre le patrimoine urbain, constituant par là même de véritables paysages, visuels autant que sonores, qui sont l’expression d’une identité et de la notion de « patrimonialité ». Discours, images et sons s’entrelacent pour solliciter le visiteur qui explore, de chez lui, ces lieux qui semblent ainsi prendre vie sous ses yeux. La constitution de tels dispositifs numériques, mêlant technique d’incrustation, clip vidéo et street view, permet ainsi de redéfinir les modalités de visite – virtuelle – du patrimoine. Enfin, ces parcours urbains nous amèneront aussi à réfléchir sur l’art et la manière de valoriser le patrimoine autrement auprès du public en ligne, et même de reconsidérer cette notion, en décentrant le regard du patrimoine « sacré » ou « sacralisé » vers le quotidien, du passé vers le présent et du commun vers le singulier.