14.00 Territoires d’effondrement : désastres, ruines, friches / Collapses territories: disasters, ruins, wastelands
Mon statut pour la session
« Un territoire, écrivait Bruno Latour, c’est d’abord la liste des entités dont on dépend ». S’il est vrai que son habitabilité tient aux épreuves que constituent les ajouts ou les retraits de la liste, alors, ajoutait-il, voilà un terme qui « dépend du temps bien plus que de l’espace ». Je voudrais proposer un parcours dans des territoires où la somme des pertes finit par l’emporter sur la somme des gains : de la « Lorraine industrielle », dont l’effondrement a pu être qualifié en son temps « d’immense désastre collectif », aux territoires d’après la catastrophe, désespérément parcourus par les protagonistes de « La route ». Un « effet de liste » est d’égaliser l’ensemble des items qui la composent ou plutôt de faire de chacun, avant tout, « un-être-qui-compte ». En ce sens, considérer la question aujourd’hui vive de l’habitabilité de la Terre périme l’identification de ses entités en termes de nature comme de culture.
Mon propos s’inscrit dans une réflexion sur l’opérativité de l’idée patrimoine face à la configuration à la fois historique, politique et ontologique dénommée Anthropocène et sur les transformations que celle-ci induit : redimensionner la question du patrimoine sous les topiques de l’héritage (instaurer ce qui compte) et du vivant (des cultures aux êtres de la Terre), la déplacer vers ce qui constitue son horizon : l’institution de politiques du temps. Ainsi, habiter la terre, c’est habiter le temps.