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09.05  Comment crée-t-on du patrimoine ou une réalité sociale ? D’une subjectivité ontologique à une objectivation épistémique

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Nous souhaitons dans cette communication traiter de la question de la construction de la réalité sociale et institutionnelle qu’est le patrimoine. Il s’agit, de ce fait, d’aborder le processus de patrimonialisation dans l’optique de la création de la réalité sociale, un processus perçu comme un acte déclaratif établissant des « fonctions-statuts » bien déterminées, à savoir celles d’un « objet patrimonial(isé) ». À cet égard, nous aborderons plusieurs questions : Comment crée-t-on des réalités sociales comme celle du patrimoine ? Comment des faits institutionnels – comme le patrimoine – et des actes institutionnels – comme la patrimonialisation, deviennent-ils possibles ? Quelle est leur structure ? Quel rôle jouera le langage dans la construction des actes et les faits sociaux ? 

Nous situons donc notre intervention dans le cadre d’une ontologie sociale, en l’occurrence celle développée par Searle depuis 1995, où la réalité institutionnelle dans son ensemble est créée par un certain type d’acte de langage, de représentation linguistique, qui permet aussi de pérenniser son existence. Selon lui, « La réalité institutionnelle est maintenue dans le temps grâce à des représentations qui ont la même forme logique que les Déclarations de fonction-statut, même si ni leur création, ni leur pérennisation ne nécessitent la forme syntactique explicite d’un acte de parole déclaratif. C’est simplement en représentant leur existence que l’on fait exister des fonctions-statuts. C’est ainsi que fonctionnent la création et le maintien de l’ensemble de la réalité institutionnelle et, partant, de la civilisation humaine. » 

Dans cette ontologie sociale, nous dit Searle, c’est grâce aux Déclarations que nous faisons exister quelque chose en représentant seulement le fait qu’il existe. Ces Déclarations créent des « fonctions-statuts ». C’est ainsi que fonctionnent la création et le maintien de l’ensemble de la réalité institutionnelle et, partant, de la civilisation humaine. 

Pour décrire la structure de base d’une réalité sociale et institutionnelle comme le patrimoine, nous empruntons à Searle (2010) les notions suivantes : 

-L’intentionnalité collective, entendue comme une condition sine qua non à tout fait institutionnel. Il s’agit de l’imposition collective de fonction, où la fonction ne peut s’accomplir qu’en vertu d’un accord collectif ou d’une acceptation collective ; cette imposition est un élément décisif dans la création des faits institutionnels. Ainsi des éléments physiques acquièrent un statut (l’objet patrimonialisé). 

-L’assignation de fonction est toujours relative à l’observateur. Elle prend la forme suivante : « X compte comme Y dans le contexte C ». 

-Les règles constitutives créent la possibilité de certaines activités et permettent l’existence de faits. 

-Les pouvoirs déontiques : la patrimonialisation établit des fonctions-statuts dont l’acceptation collective engendre l’acceptation d’une série d’obligations, de droits, de responsabilités, de devoirs, etc. Ces pouvoirs déontiques générés par le processus de patrimonialisation créent des raisons d’agir indépendantes de nos désirs. 

 

Enfin, nous verrons comment le langage, à travers un processus de dénomination renouvelée, charge d’un contenu signifiant des faits qui en sont initialement dépourvus. Ce processus correspond, pour nous, dans le cas de patrimoine, à l’acte discursif de patrimonialisation. Cette capacité du langage, nous dit Searle (2009), « rend possible l’assignation collective d’un nouveau statut sémantique à un fait [et un objet] brut, qui acquiert par là même une nouvelle fonction à laquelle s’associent un faisceau d’activités et un système déontique composé de droits, d’obligations, d’autorisations, etc. »

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