11.00 Entre la mise en scène, le marché et la loi: enjeux politiques-esthétiques dans le carnaval Rio de Janeiro
Mon statut pour la session
Cette communication s’inscrit dans le cadre de ma recherche doctorale en anthropologie et vise présenter et discuter les données ethnographiques entre les années de 2013 et 2014 sur le circuit du carnaval à Rio de Janeiro (Brésil). Les macros et micro-politiques font que la fête carnavalesque soit vue comme symbole nationale brésilien, comme le modèle de carnaval au monde et comme objet d’adoration d’une grande partie de la population mondial, mais aussi comme objet de mépris par une partie de la population brésilienne. L’intention de cette communication est de montrer le carnaval carioca comme une fête urbaine qui anime et dévoile les enjeux politiques et esthétiques de la société brésilienne, en prenant compte les différents acteurs en jeux dans ce spectacle urbain, complexe et contemporain (la communauté, les écoles de samba, l’association des écoles de samba, le gouvernement municipal, provincial et fédéral, tout comme les entreprises commanditaires). Le carnaval carioca montre-t-il, au même temps, un processus clair d’incorporation et de résistance aux expectatives du tourisme et d'une culture d’élite. Ce rapport est claire, mais il ne se donne pas comme un processus d’acculturation, la culture populaire négocie et résiste en produisant, plusieurs d'autres formes « hybrides » de vivre le rituel. Selon Cavalcanti (2010), la dynamique culturelle propre de chaque fête, de chaque carnaval, donne au processus de marchandisation ses propres caractéristiques et ses propres règles. Pour Pierre Sansot (1986), la culture populaire marque aussi une différence entre le rapport au monde de certains et celui, abstrait, de l’État bureaucratique. Il affirme que «la culture populaire a été le lieu d'élection du sensible. Y vivaient des hommes qui vivaient pour leur travail, ils ne décollaient jamais du réel et pour lesquels le plaisir naissait d'une exaltation ou d'une quiétude de sens et non de soupirs métaphysiques ou de sentiments distingués ». Dans une vision romantique de la culture populaire, on retrouve l'idée qu'elle maintien avec nostalgie toute l'intégrité de la vie qui a été rompue dans le monde moderne. Cette dimension vient d'une idée erronée voulant que tout ce qui est liée au populaire est « simple » et « naïf ». Cette vision amène à une conception d’authenticité et de tradition. L’idée ceci préconçue peut nous faire interroger : Le carnaval est-il une fête authentique ? Quel serait le « vrai » et « authentique » carnaval ? Quels sont les éléments qui font d'une fête un carnaval ? Cette jeu « d'authenticité » et de tradition permet que le carnaval de Rio de Janeiro soit vu comme « le plus grand spectacle du monde ». Le samba, la musique qui anime le carnaval carioca et sans laquelle le carnaval ne serait pas possible, a gagné le statut de patrimoine immatériel, consacré par le IPHAN en 2007; la ville de Rio Janeiro, elle aussi a été admise, en 2012, comme patrimoine mondial par UNESCO dans la catégorie « paysage culturelle » grâce au mélange de la cène urbaine et la richesse des éléments de la nature. Dans ce sens, je m’interrogerai plus particulièrement, sur la manière dont se présentent les rapports de résistance et d’adhésion chez les sujets qui font la fête carnavalesque — la "communauté" — face aux mesures de normalisation de l'État via les politiques de subvention et de patrimonialisation et/ou du marché de biens culturelles étant que entreprises commanditaires. Finalement, cette communication a le but de discuter des processus historiques, économiques, sociaux et culturels qui ont amené le carnaval brésilien à être conçu comme une politique publique qui porte le droit à sauvegarde patrimonial, sans oublier le processus de mondialisation et de marchandisation de la culture qui ajoutent des complexités à ce rituel urbain contemporain qui perdure encore populaire.