Suite
à des questionnements sur la visée du travail sociologique lors de
la réalisation de ma recherche sur le journalisme en master, puis
confronté aux tensions d’un débat parfois houleux en France sur
le statut, le rôle et la portée de la sociologie, je me suis tourné
vers la sociologie elle-même, prise comme phénomène social à part
entière. Cette discipline - mais ce n’est pas la seule -, présente
ainsi l’étrange paradoxe de revendiquer à la fois son inscription
dans les « sciences » sociales, mais de ne pas gagner la
légitimité sociale que l’on serait en droit d’espérer d’une
telle adhésion à un projet de science.
Prenant en compte le contexte de faible légitimité dont sont encore
empreintes les sciences humaines et sociales, ma thèse s’inscrira
donc dans l’espace disciplinaire plus spécifique de la sociologie.
Mon travail cherchera, par la mise en œuvre d’une démarche
comparative, à préciser la distance qui sépare le discours
sociologique d’un discours de science ; puis, dans la mesure du
possible, à suggérer des propositions qui permettraient de résoudre
les tensions ou l’absence d’intérêt que ses discours et prises
de position suscitent encore dans l’espace public. Mon travail
s’attachera notamment à questionner le discours sociologique au
regard de la définition, souvent floue, qu’il donne de son objet :
le social. Plus particulièrement, il s’attachera à étudier
comment, à travers les mots et les phrases du sociologue français
Pierre Bourdieu, l’objet s’est exprimé dans une théorie à la
fois forte par sa structure argumentative, mais limitée dans son
application au-delà des frontières du monde académique, ne
parvenant pas à concrétiser la légitimité que l’on serait en
droit d’attendre d’une démarche de science, démarche qu’il
revendiquait pourtant.
Compte-tenu du fait que ma recherche implique une définition de la science, ma présentation lors de cette université d’été consistera à
exposer dans un premier temps une esquisse de définition de la
science et notamment de ce que cette visée implique pour les
discours qui s’en revendiquent. Dans un deuxième temps, pour
illustrer mon propos, je présenterai quelques exemples issus des
sciences de la nature en m’attachant à montrer comment la forme
même des jeux de langage mise en œuvre dans différentes
disciplines a pu être cruciale pour engager une logique de la
découverte scientifique - je reviendrai notamment sur l’enjeu qu’a
pu représenter le développement des mathématiques sur l’essor de
la science physique. Enfin et dans un troisième temps, je
présenterai quelques différences et limites que l’on peut
percevoir dans les discours sociologiques contemporains au rapport de
la définition de la science proposée en introduction, et suggérerai
quelques pistes de solutions pour les sciences humaines et sociales.
Sessions auxquelles Ryder Gillespie participe
11:00 AM
11:00 AM
- Ateliers 5 - C Université de Neuchâtel - RO12
- 11:00 AM - 12:30 PM | 1 heure 30 minutes
- Présidente de séance :Discutant: David Paternotte1.
- Workshop