Atelier 2 - B
Mon statut pour la session
Discutant : Claudio Bolzman, Université de Genève
1. LABBEZ Claire- PARIS V
Titre : Vendre à l'étranger pour renforcer son statut local : le cas de la « mochila Wayuú »
Résumé :
« La mochila wayuú », un sac fabriqué artisanalement par les Wayuú, est devenu un accessoire prisé de par le monde. Alors que l'industrie de la mode nous conte une histoire de globalisation dans laquelle la consommation du centre serait le salut des marges, nous verrons comment ce commerce renforce quelques « princesses Wayuú » du nord de la Colombie. La péninsule de La Guajira est quadrillée de frontières administratives ineffectives (avec le Venezuela, entre municipalités, entre réserves indigènes) puisque les Wayuú bénéficient de la double nationalité, vivent de façon seminomade et pratiquent la contrebande dans l'indifférence générale. Cependant il existe une frontière bien plus efficiente mais beaucoup plus mouvante, entre Wayuú et alijunas (non-indigènes), une frontière sur laquelle règnent quelques femmes issues de familles de haut rang social. Elles utilisent les modalités alijunas (certification, formation, fédération, etc.) pour renforcer leur position et leur prestige local. Fortes du savoir-faire textile de l'élite Wayuú, elles en deviennent les représentantes et les garantes auprès de la société nationale et des acheteurs internationaux, reléguant la vitrine touristique à l'opportunisme et la précarité. Elles sont à la tête d'entreprises florissantes et font le pont entre des clients du monde entier et « leurs tisseuses », entre une Colombie éduquée et consommatrice et un peuple indigène qui connaît une grave crise économique et sanitaire.
2. IZAGUIRRE Lorena – UCL Louvain
Titre : Entre migration régulière et travail informel : les trajectoires (im)mobiles des péruviens à Sao Paulo
Résumé :
Au cours des dernières années, comprendre les perspectives de mobilité sociale a été un des focus des études concernant les migrations économiques, mais l’attention a été portée fondamentalement sur les conditions matérielles d’incorporation des migrants. Il y a encore peu sur comment les individus interprètent leurs expériences et leurs perspectives de mobilité sociale dans les pays de réception.
Cette communication s’intéresse à la manière dont les migrants péruviens interprètent leurs expériences migratoires et leur mobilité sociale au Brésil. Comment s’imbriquent classe sociale, ethnicité et race dans les parcours d'insertion de ces migrants? Comment ces attributs sont-ils négociés et reconfigurés lors de la migration? La majorité de ces migrants se retrouvent confrontés à une situation paradoxale: ils incarnent un statut migratoire régulier et une situation de précarité économique élevée. Bien qu’ils réussissent facilement à devenir résidents, ils s’insèrent au marché du travail principalement par le secteur informel. Travaillant en tant que vendeurs ambulants, couturiers dans des ateliers informels ou employés par d’autres péruviens sous des régimes de servitude pour dettes, le chemin vers un emploi stable peut prendre des années.
En mobilisant la perspective de l'intersectionnalité, et en nous appuyant sur des observations ethnographiques et une cinquantaine d’entretiens, nous trouvons que, malgré des conditions de travail précaires, des incertitudes et des trajectoires objectivement immobiles, ces migrants perçoivent leurs expériences comme des cas réussis de mobilité sociale grâce à leur capacité à naviguer entre les frontières de systèmes de classification différents.