Atelier 3 - B
Mon statut pour la session
Quoi:
Workshop
Partie de:
Quand:
13:30, Mardi 13 Juin 2017
(1 heure 30 minutes)
Où:
MISHA (Maison Interuniversitaire des Sciences de l'Homme - Alsace)
- À venir (MISHA)
Président de séance : Maurice Blanc, Université de Strasbourg
Discutant : Maurizio Ambrosini, Université de Milan
1. IRAK Dağhan – Unistra
Titre : Supportérisme, politique et société en Turquie: L’engagement politique et l’expression identitaire des supporters de football turcs sur les réseaux sociaux
Résumé :
Le 31 mai 2013, des milliers de supporters de trois clubs sportifs majeurs d’Istanbul (Beşiktaş, Galatasaray et Fenerbahçe) se sont réunis à la suite d'un appel sur les réseaux sociaux qui les avait invités à rallier la place Taksim pour se joindre au mouvement de défense du parc Gezi, qui était menacé par un projet urbanistique du gouvernement de Recep Tayyip Erdoğan. La participation active de ces supporters et des groupes ultras a permis de repousser les forces policières hors de la place et de prendre le contrôle du lieu pendant deux semaines. Inédite, cette coalition des supporters, surnommée Istanbul United dès les premiers jours de la résistance, a été largement glorifiée en tant qu’union capable d’effacer, autour d’une cause citoyenne, les différences entre les groupes rivaux. Cette action collective ou cet agir-ensemble peuvent être considérés comme un mouvement dans la mesure où ils se développent dans une logique de revendication et de défense d’une cause par des membres dotés d’une identité commune qui utilisent un répertoire d’action collective (Tilly 1985) lié au supportérisme (techniques d’affrontement, utilisation des réseaux sociaux, etc.). Dans la présente contribution, nous nous proposons de revenir sur les conditions sociales et idéologiques de l’engagement des supporters en retraçant la genèse sociopolitique du supportérisme en Turquie. Ce dernier s’est en effet développé comme un instrument du nationalisme et a, de ce fait, subi l’influence des transformations de la société turque, en particulier après le tournant néolibéral des années 1980. Par ailleurs, l’analyse des échanges entre les supporters via les réseaux sociaux à l’occasion du mouvement de Gezi permettra de comprendre le sens de la mobilisation des supporters dans le contexte actuel.
2. DEFORGE Quentin – P. Dauphine
Titre : « Renforcer les parlements » : l'émergence d'une politique transnationale ou la redéfinition des frontières du politique par les bureaucraties internationales.
Résumé :
Nous avons réalisé depuis 2014 plusieurs périodes importantes de terrain au siège des organisations internationales concernées, en particulier au siège du PNUD, mais également auprès des institutions présentes à Washington (Congrès Américain, NDI, USAID, etc.), au Canada (Parliamentary Center, Université d'Ottawa, Université McGill), auprès de l'Assemblée Nationale Française à Paris, et auprès de l'IPU à Genève. Nous avons ainsi pu réaliser plus de cents entretiens, conduire des observations et étudier des archives. Nous avons réalisé une partie de notre enquête « sur le terrain » en particulier à travers une observation participante dans l'équipe du PNUD en charge du renforcement du parlement Tunisien.
Cette démarche ethnographique nous a permis de rentrer en profondeur dans la compréhension du rapport au politique des fonctionnaires et des experts internationaux chargés de «renforcer» les parlements. A travers une perspective socio-historique, ceci nous amène aujourd'hui à comprendre en quoi l'émergence d'une politique transnationale de renforcement des institutions politiques à participé à la redéfinition par les bureaucraties internationales de ce qu'est «le politique» et du rôle que celles-ci peuvent avoir vis-à-vis «du politique».
Nous montrerons ainsi en quoi dès les années 90, des fonctionnaires internationaux ont travaillé, souvent officieusement, à faire bouger les frontières initialement posées par leurs mandats pour réussir à développer des activités profondément ancrées dans les champs politiques nationaux, parvenant petit à petit à les légitimer. Nous verrons comment les bureaucraties internationales sont parvenues -non sans difficultés-à investir ce nouveau territoire du politique, notamment en recrutant de nouveaux profils de fonctionnaires, passés par des expériences professionnelles dans le monde politique. Nous monterons également que ces frontières se sont déplacées de façon très différentes, dans un rapport différent au politique, selon les organisations. Nous pensons ainsi que cette communication peut participer à analyser les déplacements des frontières de la souveraineté entre les États et les organisations internationales.