Atelier 2 - C
Mon statut pour la session
Discutante : Marguerite Soulière (UOttawa)
1. Bakha Mellila - Université Jean Monnet, St-Etienne
Titre : Convertir un terrain professionnel en terrain d’enquête. Analyse rétrospective d’une problématisation sociologique entravée.
Résumé : La plupart des réflexions méthodologiques portant sur l’enquête par distanciation mettent l’accent sur les difficultés et le potentiel heuristique de cette posture sur la production de connaissances sociologiques. Plus rares sont ceux faisant état des effets, au sein du milieu d'enquête, de la conversion du statut d’indigène à celui d'enquêteur. Or ces effets peuvent renvoyer à des mécanismes qui sont susceptibles d’une analyse sociologique.
A partir d’une thèse portant sur le développement, en France, d’un domaine d’intervention scolaire appelé « éducation à la santé », cette communication vise à illustrer cette idée par le biais d’une analyse rétrospective de mon parcours de recherche. La constitution d’une problématique sociologique s’est opérée au cours d’une reprise d’études, en master de sociologie, alors que j'exerce en tant que chargée de mission dans une association nationale spécialisée dans « la formation et la recherche en éducation à la santé », étroitement liée aux milieux de la formation officielle des agents éducatifs. Mais l’articulation entre d’un côté l’engagement professionnel et de l’autre une curiosité motrice pour la recherche en sciences sociales s’avère problématique à tel point que je démissionne avant de poursuivre ces interrogations dans le cadre d’une thèse. Si l’inconfort vécu au cours de cette « conversion » renvoie à des manifestations affectives, il peut, une fois soumis à l’analyse sociologique, constituer un véritable matériau d’enquête.
2. Fainstein Balia - Université du Québec à Montréal
Titre : La place des frontières dans les pratiques alimentaires et culinaires des jeunes québécoises.
Résumé : À première vue, rien de plus simple que de parler de l’alimentation et de la cuisine dans l’espace social. Raconter ce que l’on a mangé à un souper, échanger des recettes entre amis ou en famille, appeler sa mère pour connaitre la dose de ce fameux ingrédient secret à ajouter dans le plat de son enfance… Autant de choses qui semblent dans la vie quotidienne, pour nous tous, aller de soi. Pourtant, sur le plan sociologique, lorsqu’il s’agit de conceptualiser l’alimentation et la cuisine, surgit d’un seul coup un nombre incalculable d’obstacles, à commencer par la définition d’une « pratique » alimentaire et culinaire (Dubuisson-Quellier et Plessz, 2013 ; Warde, 2013). Du point de vue de la méthodologie, travailler sur l’alimentation et la cuisine comporte aussi son lot d’embûches. Dans le cadre de cette communication, nous souhaitons revenir sur ce qui, lors de la phase de terrain de notre recherche doctorale — portant sur la construction des pratiques alimentaires et culinaires des Québécoises de la génération Y ayant une mère issue de l’immigration française — a soulevé dans notre travail des questionnements méthodologiques. Il y sera question du recrutement de nos répondantes, de l’ensemble des deuils d’outils méthodologiques auxquels nous avons fait face au moment de baliser notre terrain, mais aussi des apports et limites d’une méthodologie qualitative à la production des connaissances sociologiques portant sur l’alimentation et la cuisine.