Atelier 4 - A
Discutante : Sara Randall (University College London, Royaume-Uni)
1. Salifou Ndam - Université de Yaoundé 1
Titre : Marginalités, régulation et revendcation du droit à la ville : de l’observation à la médiation des acteurs urbains à Yaoundé et à Douala.
Résumé : La particularité du terrain est qu’il peut choquer le chercheur pendant la phase de collecte et de l’analyse des données. Le chercheur peut donc se rendre à l’évidence qu’il se trouve en face des réalités embarrassantes et dont il ne peut rester muet. En ce moment, il est astreint, en tantqu’objet et sujet de cette même société, à jouer le rôle de médiateur par le biais des savoirs qui sont produits. Cette réalité est confirmée dans le cadre de l’étude de la mobilité urbaine dans les rues de Yaoundé et de Douala, où il ressort que les moto-taxis et les autorités en charge desdites villes se confrontent autour des intérêts divergents. Ils s’opposent et s’affrontent sur ce que doit être la ville. Les moto-taximen estiment que les violences orchestrées à leur égard au cours des opérations « coup de poing » sont une stratégie des autorités municipales de les exclure de la ville. Les autorités quant à elles appréhendent les moto-taximen comme des symboles « véritables » de la marginalité urbaine, voire le « cancer » de la mobilité dans les rues. Ainsi, cette communication envisage mettre en parallèle de ces deux perspectives pour démontrer que les sociabilités conflictogènes exprimées par chacun des camps ne sont que des formes de revendication de leur droit à la ville : les uns aspirent (sur)vivre en ville alors que les autres, en la régulant, y trouvent leur compte par tous les moyens. Au vu de cette rupture de considération, la médiation commence au moment de la rédaction du manuscrit, où les résultats de terrain sont mobilisés pour servir d’objet de conciliation entre les acteurs étudiés. Car, un objet de recherche peut être une perspective de médiation.
2. Gino Vlavonou - Université d'Ottawa
Titre : Chercheur africain en situation de guerre civile : les défis liés à l’auto-identification.
Résumé : A n’en point douter, il existe de nombreux travaux sur les défis de la recherche terrain. Cette communication s’attarde sur les défis de la recherche terrain en milieu difficile et plus particulièrement en situation de guerre civile. A l’issue d’une recherche terrain de cinq mois en République Centrafricaine au courant printemps/été/automne 2017 cette présentation analyse les défis liés à l’auto-identification du chercheur ainsi qu’aux fréquentes erreurs d’identité et incompréhensions qui y sont liés.
Cette communication explore les multiples identités que le chercheur est obligé de mettre en avant pour se faire valoir et être considéré comme légitime auprès de ses interlocuteurs. Malgré les défis du terrain, il s’avère que la catégorie fonctionnelle ‘étudiant’ qui semble être un atout dans d’autres situations s’est révélé être un obstacle dans cette recherche. Cet essai remet en question l’idée suivant laquelle être chercheur africain en Afrique confère une position privilégié, un peu comme un initié. Penser que l’on dispose d’un accès privilégié est une illusion.
En tant que étudiant chercheur béninois évoluant dans le contexte canadien, cette communication analyse les défis du terrain à la lumière de mon identité de chercheur béninois au Canada en contexte Africain. Les différentes informations recueillies à travers le terrain de recherche dépendent de la capacité du chercheur à jouer sur plusieurs identités (fonctionnelles et/ou de circonstances). Dans le cas de cette présentation, successivement, être perçu comme étudiant, béninois, africain évoluant au canada a simultanément ouvert et fermé des portes d’entrées dans le cercle fermé des élites de Bangui. Ma position d’étudiant me mettait généralement dans la catégories des ‘ignorables’, personnes à ne pas considérer. Ces différentes catégories identitaires, bien sur, se chevauchent. Il s’avère par contre que le couple étudiant-béninois n’a pas favorisé la collecte de données auprès des élites locales et internationales.