Sylvain Larrat, Stéphane Lair

La surveillance des causes de mortalité des bélugas du Saint-Laurent repose sur la nécropsie, et donc sur une démarche diagnostique utilisant de nombreuses informations, dont la condition corporelle. Historiquement, son évaluation était principalement subjective, ce qui est répétable pour les individus en très bonne ou en très mauvaise condition corporelle, mais manque de nuance pour les individus de condition intermédiaire. Les données de morphométrie générées par le programme de surveillance (1983-2012) ont été mises à profit pour construire un indice de condition corporelle objectif prenant en compte la relation allométrique entre taille et masse : l’indice de masse mise à l’échelle (IMME). À partir des données mises à jour pour les bélugas (> 290cm), l’évaluation subjective de la condition corporelle et l’IMME ont été comparés (Conover-Iman avec correction de Benjamini-Hochberg, false discovery rate = 0,1). Ensuite, les corrélations de l’IMME à la cause de la mort (Conover-Iman) et à la chronicité estimée des conditions pathologiques primaires ont été étudiées (Wilcoxon). L’évaluation visuelle des bélugas jugés comme « émacié », « amaigri », « en bonne condition » est significativement corrélée avec l’IMME. Les bélugas morts de maladies parasitaires avaient un IMME significativement inférieur à ceux morts de causes non déterminées, de causes diverses ou en péri-partum. Les bélugas morts d’inanition primaire avaient un IMME significativement inférieur à toutes les autres catégories. Ceux morts en péri-partum avaient de plus un IMME significativement supérieur à ceux morts de cancers. L’IMME constitue un indice objectif et nuancé utile à la démarche diagnostique.