Rozenn Le Net, Sylvain Larrat, Robert Michaud, Stéphane Lair

Les objectifs de cette étude étaient 1) de classer les lésions cutanées chez les bélugas (Delphinapterus leucas) de l'estuaire du Saint-Laurent (ESL) selon l’aspect macroscopique, 2) d'estimer la fréquence d’occurrence des catégories de lésions cutanées (CLC) observées lors des relevés photographiques de cette population et 3) d'explorer les causes des CLC. Une liste de 18 CLC est proposée et leur fréquence chez les bélugas de l'ESL a été évaluée à l'aide de 26 020 photographies, représentant 5 388 observations individuelles choisies au hasard, recueillies au cours d’un programme de photo-identification (2003-2014). Les images des observations individuelles de qualité suffisante ont été évaluées par un observateur pour la présence de CLC. Chez les bélugas gris et blancs, les "marques en dents de râteau" (Gris : 77,2%; Blancs : 69,5 %), les "cicatrices linéaires uniques" (Gris : 55,1 %; Blancs : 55,0 %) et les "dépressions nummulaires" (Gris : 39,9 %; Blancs : 34,9 %) sont le plus souvent observées. Les "fissures linéaires uniques" (21,9 %), les "cicatrices linéaires uniques" (19,2 %) et les "lésions type ulcère" (17,1 %) sont les plus fréquentes chez les nouveau-nés. L'histologie des lésions cutanées de 111 bélugas de l’ESL échoués entre 1983 et 2017 a été caractérisée. Des corps étrangers épineux sont trouvés dans certaines "érosions en pointillé". Les "plages jaunâtres", "dépressions nummulaires" et "dépressions en carte géographique" sont vraisemblablement associées à la mue saisonnière chez les bélugas gris et blancs. La mue postnatale peut vraisemblablement expliquer en partie les "lésions type ulcère" et "fissures linéaires uniques" chez les nouveau-nés. La cause et la signification de la plupart des CLC restent indéterminées. Cette nomenclature fondée sur la morphologie devrait faciliter la comparaison entre différentes populations de bélugas, dans l'espace et dans le temps.