Quarante ans de nécropsies de bélugas de l'estuaire du Saint-Laurent : L'évolution de l'occurrence des cancers et des niveaux de contamination de l'écosystème par les hydrocarbures aromatiques polycycliques
Mon statut pour la session
Stéphane Lair, Robert Michaud, Véronique Lesage, Pierre Béland, Nadia Ménard, Daniel Martineau
Depuis quarante ans, notre groupe a effectué 286 nécropsies afin de déterminer la cause de la mort chez les bélugas du Saint-Laurent (Delphinapterus leucas). Durant cette période, des cancers ont été documentés chez 19% des bélugas adultes échoués (≥ 8 ans). L'exposition directe à des sédiments contenant des contaminants cancérigènes, tels que les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), a été proposée comme principal facteur de risque pour expliquer l'occurrence inhabituelle des cancers observés dans cette population. Une diminution marquée des cancers a été observée au fil des ans dans cette population; le dernier cas de cancer étant diagnostiqué en 2011, alors qu'aucun cancer du tractus gastro-intestinal n'a été documenté au cours des 18 dernières années. La prévalence (0%) des cancers chez les bélugas adultes nés après 1976 est significativement plus faible (p=0,0012) que la prévalence (22%) chez les bélugas adultes nés pendant ou avant la période de déversement industriel relativement élevé de HAP (1950 à 1976). Nous avons calculé un indice théorique d'exposition aux HAP pour chaque béluga adulte examiné en fonction des âges estimés et des données historiques de contamination pour la rivière Saguenay. Les risques d'être affecté par au moins un cancer augmentent significativement avec cet indice (p<0,0001). Cette relation est également statistiquement significative pour les cancers du tractus gastro-intestinal et de la glande mammaire (p≤0,003). Ces observations, ainsi que des travaux publiés sur les adduits intestinaux HAP-ADN chez les bélugas, appuient fortement la relation causale proposée entre le développement de cancers dans cette population et son exposition aux HAPs. Les conditions néoplasiques ne semblent plus être un facteur ayant un impact sur la conservation de cette population, et ce vraisemblablement grâce à la réduction des émissions des HAPs.