Approches narratives, décolonisation des savoirs et production des récits alternatifs (1) (J2S4)
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À partir d’une perspective épistémique hérité des études décoloniales (Gayatri Chakraborty Spivak, 1988,1999; Mignolo, 2000;Fátima Hurtado López, 2010), ce symposium se propose d’interroger la portée émancipatrice des approches narratives en générale et de l’écriture biographique en particulier (Pineau et Marie Michèle, 1983; Finger,1984; Dominicé, 1990; Josso, 1991; Pilon et Desmarais,1996; Rugira, 1995, 2006; Gomez, 1999). Dans le cadre de leurs travaux de recherche, de formation et d’intervention, les différents intervenants qui font partie de ce symposium tentent de comprendre chacun à sa manière le rôle que peut jouer les approches narratives dans les processus de reconstruction identitaire, de mise en cohérence des parcours migratoires individuels et des mémoires collectives après des expériences de déracinement, de guerre et d’exil (Rachedi, 2010, Tremblay, 2011, 2012; Niwemugeni, 2018). En effet,l’expérience vécue par les populations migrantes ainsi que les savoirs qui en émergent peinent à sortir d’une forme d’invisibilisation sociale, voire d’effacement culturel à l’intérieur des rapports sociaux en vigueur dans nos sociétés.
Les communications qui seront présentés dans le cadre du présent Symposium s’inscrivent dans la lignée des études féministes intersectionnelles (Hooks, 1981; Harper, 2013; 2014) qui cherchent à travers les pratiques narratives, à faire de la place « aux voix silencieuses » (Roxane Caron, Dominique Damant et Catherine Flynn, 2017).
Poser la question de l’intersectionnalité des rapports sociaux de pouvoir, c’est ouvrir d’emblée la voie à une autre question qui semble centrale à notre démarche, celle de la décolonisation des savoirs académiques et des pratiques d’accompagnement. La théorie de l’intersectionnalité des rapports sociaux de pouvoir devient ainsi une manière d’approcher et de comprendre l’expérience vécue par des groupes sociaux traversés par de multiples rapports de domination ainsi que leurs stratégies d’émancipation. Elle permet par ailleurs d’engager à partir d’une perspective biographique, un dialogue critique avec les expériences, les pratiques et les politiques des institutions au sein desquelles nous évoluons ainsi que notre propre positionnement comme praticien-chercheur dans les structures de production de savoir.