En 2002, l’usine Bata arrête ses activités sur le site de Bataville, dans l’est de la France. Dans ce temps mouvementé, une partie des archives de l’entreprise est confiée à un organisme public, le Centre d’Archives Industrielles et Techniques de Moselle (C.A.I.T.M.). Peu après, A. Gatti (2003), syndicaliste engagé dans la défense de l’usine, publie un ouvrage très documenté sur l’histoire de Bata. Depuis une vingtaine d’années, différents acteurs, institutionnels ou privés, tentent de protéger, dynamiser, valoriser cet héritage industriel (Brichler, 2018). C’est dans ce contexte que débute en 2016, au sein de l’Université de Lorraine, le projet de recherche BataLab qui vise à comprendre le fonctionnement et l'évolution de Bataville. Pendant trois ans, des sociologues, des historiens, des géographes travaillent ensemble, pour construire une socio-histoire. L'ambition est également de partager le corpus pluridisciplinaire constitué, les résultats des analyses, non seulement entre les différents chercheurs mais aussi de l'ouvrir à un public plus large, sous des formes variées. Les différents travaux ont bénéficié de financements institutionnels mais aussi de la coopération avec la communauté de communes concernée. La communication présentée ici vise à illustrer comment la recherche publique peut intervenir dans la valorisation d’un patrimoine industriel, ici le site de Bataville, et contribuer ainsi au développement du tourisme. Au cours de cette recherche s’est construit un corpus diversifié, dans ses contenus, ses origines et ses supports. Des archives industrielles privées, des archives personnelles, des plans, des photographies, des films ont été collectés tandis que des entretiens semi-directifs et des relevés cartographiques ont été réalisés. Dans un premier temps, comment gérer, archiver, analyser, partager toutes ces données ? Ensuite comment valoriser les résultats obtenus ? Les deux dernières décennies ont vu d’importants renouvellements dans l’approche des corpus avec l’avènement des méthodes et instruments numériques. Ces évolutions nécessitent une collaboration étroite entre chercheurs et techniciens de la recherche, une mutualisation des moyens mais aussi des expériences. Les différents échanges entre acteurs de la recherche ont permis de numériser en respectant les bonnes pratiques destinées à obtenir des documents connectés, de développer, sous la plateforme Omeka, le site Batadata. La mise en valeur d'un patrimoine passe également via des outils numériques qui se sont développés depuis une quinzaine d'années, parallèlement aux évolutions technologiques, (Association des Villes et pays d'art et d'histoire et des sites patrimoniaux, 2017). Aussi, en prenant appui sur le site internet construit lors de la recherche, est conçue une « Batabalade ». Il s'agit d'une part d'offrir un accès au territoire de Bataville via une galerie virtuelle, construite à partir des différents documents iconographiques du site BataData, en ajoutant une reconstitution 3D de lieux détruits mais emblématiques, comme la piscine, l'ancienne église en bois ou certains ateliers de l'usine. Au-delà d'une exposition, des liens sont possibles vers d'autres documents relatifs aux points d'intérêt du site, comme des extraits vidéos, audios ou des productions de recherche. D’autre part, sur place, des panneaux, connectables à BataData, jalonnent des parcours conçus par des étudiants à partir du corpus des chercheurs. Les deux réalisations produites par la recherche (site internet et balade connectée) contribuent ainsi à la valorisation du patrimoine de Bataville. Elles peuvent aussi s’inscrire dans un réseau d’initiatives pour mieux connaître d’autres cités Bata, comme le Bata Heritage Center en Angleterre et le Bata Center Information à Zlin. La communication explicitera les processus mis en oeuvre, depuis la collecte jusqu'à la diffusion avec partage des données brutes ou produites. Au-delà d'une description, il s'agit d'une réflexion sur les choix méthodologiques, technologiques opérés en tenant compte des différentes contraintes, notamment juridiques, humaines et financières.