11.30 Patrimonialisation et mise en tourisme des centres anciens des petites villes françaises. Un cadre spatial d'analyse qui interroge le lien patrimonialisation / gentrification
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Les quartiers historiques centraux des grandes villes et des métropoles, souvent très dégradés jusque dans les années soixante et soixante-dix sont, depuis, l’objet de politiques de conservation patrimoniales mais également de projets de réhabilitation de plus ou moins grande envergure. Ces centres se voient ainsi fréquemment réinvestis par de nouveaux résidents au capital économique et social supérieurs à ceux de leurs prédécesseurs. Si un tel processus de gentrification semble le plus souvent s’inscrire en continuité de ces politiques patrimoniales, il peut être pertinent de questionner des contextes spatiaux, culturels et économiques différents où ces phénomènes se conjuguent de manière différente. Entre autres, une mise en valeur du patrimoine, s’inscrivant dans un objectif de développement touristique risque d’engendrer une forme toute particulière de gentrification, soit une gentrification touristique. En ce sens, les centres anciens de petites villes françaises constituent des cas d’étude particulièrement intéressants puisqu’ils ne semblent pas bénéficier du même pouvoir d’attraction que ceux des grandes villes et métropoles, du moins dans une optique résidentielle. Loin d’attirer les jeunes urbains professionnels, ceux-ci concentrent le plus souvent une population paupérisée. Toutefois, leur attractivité s’exerce davantage au niveau touristique. Le processus double et co-construit que représentent la patrimonialisation et la mise en tourisme engendre, dans certains cas, une transformation profonde de ces espaces, étant considérés dans les cas les plus extrêmes, comme des musées à ciel ouvert. Dans de tels cas, les populations locales ne sont pas remplacées par des populations plus aisées, mais disparaissent, en quittant ces centres anciens sans être remplacées. Nous restons toutefois prudente quant à l’emploi de l’expression « population locale » et aux impacts de la protection du patrimoine sur celles-ci. En effet, cette mise en valeur, effectuée en partie dans un but de développement touristique engendre nécessairement certaines reconfigurations socio-spatiales. Aussi plus qu’une opposition entre une population locale initiale et de nouveaux arrivants, ce sont des jeux d’acteurs complexes qui se mettent en place. Entre autres, certains acteurs peuvent alors tirer profit de cette valorisation patrimoniale et touristique au détriment d’autres, bien que faisant tous partie de la « population locale ». Cette proposition de communication s’appuie, en partie, sur notre recherche doctorale en cours. Nous intéressant aux rapports à l’espace et à la coprésence de tous les habitants au sein de centres de petites villes patrimonialisés et mis en tourisme, ce sont donc les effets engendrés par la mise en valeur patrimoniale à des fins de développement économique sur l’habitabilité de ces centres anciens que nous étudions. Nos terrains d’étude étant deux petites villes françaises, soit Sarlat (Dordogne) et Dinan (Côtes d’Armor), il s’agira alors de se demander ce que le patrimoine, et plus encore la patrimonialisation, change dans un tel contexte spatial. Si la patrimonialisation des centres des villes impacte nécessairement leurs dynamiques socio-spatiales, le cadre spatial d’analyse qui est le nôtre permettra de questionner, voire de remettre en cause certains liens s’établissant entre patrimonialisation et gentrification.
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Cette communication s’intéressera aux liens existants entre patrimonialisation et gentrification au sein des centres « historiques » de petites villes françaises patrimonialisées et mises en tourisme. Alors que les centres anciens des grandes villes et métropoles se voient fréquemment réinvestis par de nouveaux résidents aux capitaux économique et social supérieurs à ceux de leurs prédécesseurs suite à des opérations de réhabilitation du patrimoine bâti, ceux des petites villes ne bénéficient pas du même pouvoir d’attraction, du moins dans une optique résidentielle. Il s’agira alors de questionner la spécificité de ce cadre spatial d’analyse dans l’articulation des processus de patrimonialisation et de gentrification.