13.30 Les droits à l’œuvre : la muséalisation et la médiation des droits de la personne et de la justice sociale à l’ère néolibérale
Mon statut pour la session
Un survol du paysage muséal global depuis les années 1980 mène au constat qu’un nombre croissant d’institutions culturelles muséalise les événements historiques violents et traumatisants du XXe et maintenant du XXIe siècle et ce, selon différents discours, expographies, ainsi que modes de subjectivité et réflexivité. Si ce phénomène de musée-mémorial est bien ancré dans le paysage muséal, un phénomène encore plus récent est celui d’intégrer une perspective de justice sociale au sein de ces musées qui, en plus de fournir un cadre commémoratif, se transforment en lieux pour la lutte et la prise d’action. L’évolution des musées abordant la justice sociale, en allant d’un cadre commémoratif avec un focus sur les victimes à l’activisme et des expositions comparatives sur des thématiques communes, semble démontrer comment les institutions culturelles ont agi pour enrichir les notions du vivre-ensemble, en muséalisant la mise-en-commun de ces patrimoines, dans l’ensemble de leurs médiations et pratiques.
Mais une reconnaissance des limites ou des dangers de ces musées de droits ne doit pas échapper à l’analyse que nous faisons de ces institutions. Comment comprendre cette tournure vers un patrimoine « commun » des droits universels dans les musées ? Quels rôles les musées de droits s’imaginent-ils en tant qu’institutions culturelles dans la société contemporaine, et quels enjeux sociaux et politiques soulèvent-ils par leur conjugaison avec le domaine et la culture des droits ? Arrivent-ils à proposer des pratiques alternatives pour réimaginer les formes d’engagements participatives des publics dans une logique du vivre-ensemble, ou sont-ils plutôt instrumentalisés par les mêmes États qui les financent? Cette communication pose un regard critique sur les diverses pratiques discursives et muséographiques d’une nouvelle génération de musées consacrés aux « droits » et à la justice sociale, afin d’interroger les différentes conceptualisations de droits que font ces musées dans leurs modalités et médiations à l’aune des grandes transformations sociales, culturelles et politiques de notre ère contemporaine et transglobale. Elle retrace le chemin, et dans plusieurs cas, les attentats d’un redevenir du vivre-ensemble sociétal, à travers sa mise en représentation dans des musées des droits de la personne aux Amériques, dévoilant comment différents concepts muséographiques dans l’espace public sont assujettis à des politiques mémorielles et/ou identitaires.