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[WITHDRAWN] Traces de malemort ou lieu de nostalgie? Sanctification et/ou patrimonialisation d'un village noir détruit (Choco, Colombie)

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En 2002, dans la région du Choco, à l’issue d’un violent affrontement entre la guerilla FARC et les paramilitaires, 170 membres de la communauté villageoise noire de Bellavista de la rivière Bojaya se réfugient à l’église. Ils périssent, brûlés vifs sous l’impacte d’une bombe artisanale des FARC, accompagnée de tirs de mortiers qui laissent leur village en ruines.  

L’horreur provoquée par ce massacre, fortement médiatisé au niveau national et international, entraîne une multiplicité d’interventions réparatrices d’acteurs institutionnels divers, comme des ONG catholiques et laîcs, des organismes internationaux et surtout l’Etat. Sa politique de réparation comprend le relogement des habitants dans un nouveau village, construit en ciment, pourvu d’un petit hôpital, d’une école et d’espaces de loisirs. Il est érigé sur le terrain, auparavant dévolu au cimetière, alors que par ailleurs 12 ans après les faits, les proches n’ont pas encore pu récupérer et enterrer les restes calcinés des victimes du massacre.  

Si le nouveau village est objet de perceptions fortement ambivalentes, aucune revendication ne s’élève pour la reconstruction du village d’origine. En même temps, une partie importante des habitants noirs et des déplacés emberà du nouveau village ont adressé une demande à l’archevéché du Choco pour que l’église en ruine qui abrite un « Christ mutilé », soit déclarée lieu sanctifié de pèlerinage. D’autres souhaitent sa patrimonialisation en tant que cimetière, alors que d’autres encore oeuvrent pour la conservation en l’état des ruines des maisons du « vieux » Bellavista, en tant que lieu-souvenir d’une vie ‘sabrosa’, objet de nostalgie, considéré comme appartenant à un passé douloureusement révolu.  

L’analyse se focalisera sur l’interface paradoxale entre la patrimonialisation religieuse spatialisée des traces d’une malemort collective pour cinconscrire, contenir et neutraliser la présence des morts violents dans les nouveaux espaces de vie, et la patrimonialisation nostalgique des ruines, ayant abrité un mode de vie, ignorant la violence armée. Le caractère paradoxal de cette interface s’alimente de l’unité des lieux et de l’entrecroisement et superposition de différents régimes de temporalité et de mémoire, qu’y créent les tentatives concurrentes de conservation et de patrimonialisation des traces d’une vie ‘sabrosa’, en même temps que celles d’une violence destructrice.

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