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Mr. Terry Loucks

Ambassadeur d'Arvida
Quebec Anglophone Heritage Network (directeur)

Publié le 22 juillet 2017 

 

Quand l'ambassadeur d'Arvida ambassade
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Terry Loucks a planté un arbre commémoratif pour rendre hommage aux familles qui ont vécu à Arvida au début du 20e siècle.

LE PROGRÈS, MICHEL TREMBLAY

 

Roger Blackburn
Le Quotidien

CHRONIQUE / Si le verbe «ambassader» existait, il s'appliquerait à merveille à Terry Loucks, cet homme de 69 ans natif d'Arvida et ancien étudiant de Saguenay Valley High School. Il a le nom d'Arvida tatoué sur le coeur et voue une admiration sans bornes pour ce qu'a été, et ce qu'est encore, cette ville industrielle du début du siècle.

Il fut parmi les premiers à être associé au projet pour faire d'Arvida une ville de patrimoine mondial reconnue par l'UNESCO. «Je suis en train d'écrire un livre sur l'histoire d'Arvida, l'histoire d'Alcan et Arthur Vining Davis cet homme d'affaires américain, président de la compagnie Alcoa, dont la vie demeure un mystère encore aujourd'hui» témoigne celui qui était à Saguenay jeudi dernier pour une cérémonie au cimetière St-Andrew, St-James anglican de Kénogami.

«C'est exceptionnel ce qui s'est passé ici à Arvida en 1925. Les meilleurs ingénieurs, chimistes post doctorat, les plus bolés du monde étaient réunis ici pour construire une aluminerie moderne. Il y avait des ingénieurs de 36 pays différents. Des familles de partout dans le monde se sont installées ici pour ériger et opérer ce complexe industriel», fait valoir Terry Loucks, qui veut documenter cette époque en retrouvant les descendants des familles qui ont vécu ici. «Le patrimoine humain est aussi important que le patrimoine bâti dans l'histoire de cette ville», ajoute-t-il

«Les familles anglaises ont vécu à Arvida pendant une trentaine d'années avant de repartir. Ces familles ont quitté Arvida dans une proportion de 99 % aujourd'hui» fait-il remarquer. C'étaient de véritables pionniers qui ont quitté leur pays parce qu'ils savaient qu'Alcan allait les embaucher; «Sinon Price, Alcan sure», dit-il en mélangeant son anglais et son français.

 

Archives d'Alcan

Dans son objectif d'écrire un livre sur l'histoire d'Arvida, Terry Loucks veut également écrire l'histoire de la construction de l'aluminerie d'Arvida. Le passionné d'Arvida a commencé récemment à s'intéresser aux archives de la compagnie Alcan. Il y avait des rumeurs depuis le déménagement du siège social et l'achat d'Alcan par Rio Tinto, à l'effet que les archives de la compagnie avaient disparu par manque d'espace et que plusieurs documents étaient passés dans la déchiqueteuse.

«Après plusieurs demandes insistantes, je trouvais qu'il y avait beaucoup de mystères autour de ces documents. Finalement c'est un certain Martin Charron, aux relations publiques internationales de Rio Tinto qui m'a contacté. Il m'a confirmé que les archives d'Alcan existent et qu'elles sont entreposées dans les voûtes de la compagnie Iron Montain qui se spécialise dans l'entreposage de documents, entre autres», raconte le fouilleur d'histoires.

«Il m'a dit que le fonds d'histoire d'Alcan compte pas moins de 85 000 boîtes de documents et que le contenu est numérisé. Avec le dossier du patrimoine mondial de l'UNESCO, Rio Tinto commence à se faire achaler et de plus en plus de demandes sont acheminées pour consulter ces archives. Les informations sont tellement confidentielles qu'il faut faire des demandes avec l'aide d'avocats», détaille l'ambassadeur qui soutient que la multinationale cherche une façon de rendre ces archives accessibles.

«Il y a plein d'histoires qu'on ne connaît pas au sujet d'Arvida et de la construction de l'aluminerie. Entre autres que c'est le frère cadet d'Arthur Vininng Davis, Edward, qui a dirigé les rênes des la compagnie pendant ses meilleures années à la création d'Alcan qui est devenue une entité différente d'Alcoa aux États-Unis. C'est le fils d'Edward, Nathanael Davis, qui a dirigé Alcan dans la période d'après-guerre», élabore le passionné d'Arvida.

Terry Loucks a collaboré aussi à la cérémonie du cimetière anglican de Kénogami cette semaine. Il a appris à un ancien collègue de Saguenay Valley Hight School, Leslie Holland, qui vit à Hébertville, que la tombe de son grand-père décédé à la guerre était au cimetière de Kénogami. «C'est Terry qui m'a fait part de cette information, je suis très ému d'être ici», a confié Leslie Holland lors de la cérémonie de la Légion canadienne au moment de planter un drapeau près de la pierre tombale de son grand-père.

Terry Loucks a aussi commencé à planter des arbres à Arvida en mémoire des familles qui ont vécu dans cette ville industrielle dans ses plus belles années. Il a profité de son passage à Arvida cette semaine pour rendre hommage à la famille Brown dont les descendants ont accepté de verser une contribution financière pour avoir leur arbre commémoratif dans la ville patrimoniale.

«Arvida à l'époque c'était ''Garden city''. Le botaniste Frédérick Todd, un des plus grands botanistes au monde (Frederick Gage Todd, a aussi réalisé le parc des Champs-de-Bataille (Plaines d'Abraham) à Québec et a collaboré au Jardin botanique de Montréal et l'Association des architectes paysagistes du Québec remet le prix Frédérick Todd à des architectes paysagistes chaque année). Ils ont planté 700 arbres en 1927», détaille celui qui veut aussi rendre hommage au botaniste américain qui a fait carrière au Québec.

Avec le projet de ville patrimonial de l'UNESCO, j'ai l'impression que les sculpteurs de bronze devront se mettre au travail pour rendre hommage à tous ces «rich and famous» personnes qui ont bâti cette ville industrielle.