Si la reconversion du patrimoine industriel en France n’est plus un acte isolé, elle ne cesse aujourd’hui de questionner et susciter le débat. Parmi la diversité des usages liés à la reconversion de cet héritage, il en est un qui fait encore piètre figure au regard de l’ensemble du parc patrimonial réhabilité : il s’agit de l’usage économique - dans le sens d’une production de biens et/ou de services dans les secteurs secondaires et tertiaires. Depuis la décennie des années 1980 à 1990, les opérations de réhabilitation se sont multipliées et leurs usages diversifiés. Ces nouvelles affectations, intégrées dans des stratégies d’aménagement de territoire, apparaissent comme des vecteurs de mutation d’un paysage industriel hérité de longue date. En réponse à des stratégies globales de dynamisation territoriale, ces nouvelles fonctions font le plus souvent appel à la culture ou à la mixité des programmes (logements, équipements, commerces, bureaux, etc.) et rares sont les opérations de grande emprise spatiale dont le levier est exclusivement économique. C’est pourquoi, il semble particulièrement pertinent d’aborder la question de la reconversion des sites industriels sous l’angle de cette double préoccupation patrimoniale et économique. En outre, interroger la notion d’usage est une façon de réfléchir à ce qui « fait patrimoine », à la trace mémorielle, au sens, au rapport entre passé et modernité, à la valeur de l’objet patrimonial, laquelle reste inexorablement liée à la relation émotionnelle que l’homme lui porte, variable dans le temps et les sociétés. La présentation de plusieurs cas d’études sera un moyen de mettre en exergue la notion de « patrimoine vivant », c’est à dire des objets historiques qui se soumettent difficilement à la cristallisation et de montrer que ces opérations de reconversion du patrimoine industriel peuvent apparaître comme une véritable force pour les territoires.