Atelier 6 - B
Mon statut pour la session
Discutant : Sébastien Pesce (Université de Tours, France)
1. Djelloul Ghaliya - Université catholique de Louvain
Titre : Médiation sociale et traduction dans un langage scientifique : effets de l’imbrication sociale de la chercheuse à son objet
Résumé : Réfléchir aux différentes modalités de médiation à l’œuvre pendant le processus de recherche m’offre l’opportunité de revenir sur ma « navigation » en tant que chercheuse pour élaborer des données qui relient les relations sociales (re)nouées aux catégories produites par la discursivité scientifique, donnant à voir le processus de découpage et de traduction de la réalité sociale à l’œuvre, de manière située (Harding, 1986 ; Dorlin, 2008).
C’est mon appartenance au groupe social étudié et l’ensemble des relations sociales qui ont précédé ma recherche, qui m’ont permis d’identifer mon objet d’étude. Travaillant sur l’Algérie depuis sa diaspora (Mbembe, 2015; Djelloul, 2018), c’est lors de mes séjours sur le terrain que la mobilité spatiale des actrices sociales s’est imposée comme enjeu privilégié pour observer la tentative de (re)production de la légitimité de l’arrangement de genre patriarcal par des normes familiales et religieuses (Macé, 2015; Djelloul, 2018a). Le processus de médiation que constitue la socialisation, m’a permis de plonger au sein des rapports de pouvoir en partageant l’expérience du temps et de l’espace du groupe social étudié (Djelloul, 2018a). C’est mon corps de « jeune fille », c’est-à-dire de femme non-mariée, qui constitue l’objet de la médiation sociale, puisque c’est la tentative de son enserrement spatial, qui porte mon attention sur les différentes manières dont les femmes expérimentent et éprouvent l’emprise de leur groupe familial et communautaire (Djelloul, 2017).
L’opération de traduction des catégories opératoires en catégories d’analyse (Bodson, 2000) prend place dans l’instance psychique de médiation que constitue la réflexivité, et qui est rendue possible par la tenue de carnets de terrain, où s’ancre le va-et-vient de déconstruction-reconstruction de mes propres catégories d’interprétation de la réalité étudiée (Djelloul, 2018b). Mettant en jeu différentes langues et registres langagiers, je tente de construire mes concepts à partir leur expression dans le dialecte algérien, pour rester la plus fidèle possible à l’univers de significations émanant du terrain.
2. Sansonnens Antoine - Université de Fribourg
Titre : Concevoir l’objet de recherche et construire la comparabilité : entre légitimations scientifiques et médiations sociales en Suisse et au Québec
Résumé : Travaillant sur la question de l’action publique à l’égard d’adolescent.e.s souffrant de troubles psychiques dans le cadre d’une cotutelle en Suisse et au Québec, à travers mon travail doctoral je cherche à comprendre comment, dans deux contextes socio-culturels, sont socialement fabriquées les (in)capacités de ce public. Dit autrement, en me focalisant sur les praticiens qui gravitent autour de ces adolescent.e.s, il s’agit de saisir comment ces professionnels vont accompagner, traiter, autonomiser ce public en partant du postulat qu’il s’agit d’une population « embarrassante » et « sensible » car elle se situe par définition dans un double entre-deux, à savoir qu’elle est ni totalement adulte, ni totalement enfant, ni totalement pathologique ni totalement normale. Ma communication s’attachera à illustrer comment la définition de mon objet de recherche doctorale et la construction de la comparabilité Suisse/Québec ont été (et le sont toujours) façonnées au gré de multiples médiations sociales. Ces dernières se regroupent autour de différents registres : médiations avec les organes de financement et ses experts, médiations avec les administrations académiques, médiations avec mon directeur et ma directrice de thèse, médiations avec les responsables institutionnels pour l’accès aux terrains.