L’observation de mon entourage agro-forestier m’a fait réaliser qu’anthroposystème est le mot convenant le mieux à la description de mon environnement Je croyais alors être le premier à utiliser ce mot, mais quelques semaines plus tard, je l’ai trouvé dans un ouvrage sur l’anthropocène (Magny, 2021). Ce fut le début d’une recherche documentaire : le mot fut créé il y a plus de vingt ans par Lévêque et son équipe de recherche (Lévêque et al. 2003, et Muxart, 2004). Mes propres préoccupations étaient cependant différentes de celles de cette équipe de recherche, car je cherchais seulement le mot plus approprié pour désigner la réalité environnante. Après avoir comparé les quelques rares définitions disponibles, j’ai décidé de définir le mot de la façon suivante : une unité structurelle, fonctionnelle et systémique créée par les êtres humains grâce à l’interaction d’éléments naturels et artificiels (évoluant selon des temporalités différentes et dans l’espace à diverses échelles). En y ajoutant le qualificatif territorial, l’anthroposystème (AST) devient alors une unité géographique directement et rapidement observable sur le terrain sans devoir faire un grand développement comme c’est le cas des concepts écosystème et géosystème. Il est possible de distinguer plusieurs anthroposystèmes territoriaux comme une ferme, un parc industriel, un village… bref des mots qui désignent des réalités géographiques communément visibles et couramment acceptées. Le mot générique anthroposystème qualifie donc un réel sans devoir pour autant en décrire tout le fonctionnement et l’expliciter. Au-delà de sa simplicité apparente, le mot anthroposystème possède une grande puissance évocatrice, sinon radicale comme j’ai pu le constater auprès de certains géographes. Dans la discipline géographique, le terme peut éloigner certains géographes de l’idée d’écocentricité tout en leur laissant la tâche difficile d’y intégrer différemment la nature. Enfin, il met en évidence le constat du rôle déterminant de l’être humain sur la nature et aussi de ses responsabilités pour l’avenir de la planète. N’ayant pas les inconvénients de mots écosystème et géosystème, le mot a aussi des avantages indéniables sur certains mots-clés de la géographie comme le paysage, la région, le milieu, l’environnement, l’espace…Bref, le mot peut servir dans une première étape de la démarche scientifique, soit la description, avant de passer à la seconde, soit la compréhension et de l’explicitation de l’anthroposystème.