Modélisation de l’accent: activité de développement de la métaconscience phonético-phonologique
Mon statut pour la session
Modélisation de l’accent : activité de développement de la métaconscience phonético–phonologique
à la base de l’analyse contrastive intégrée à l’approche actionnelle
(le cas de l’enseignement du russe aux étudiants universitaires francophones).
L’analyse contrastive (AC), basée sur l’approche cognitive, est largement reconnue pour son utilité dans le domaine de l’acquisition des L2. Elle a été souvent employée comme méthode servant à expliquer et prédire les difficultés au cours de l’acquisition du système phonologique d’une L2 (Flege, 1984; 1987; 2000; Parizet, 2008).
Étant au service de phonéticiens et enseignants, l’AC s’emploie rarement comme outils adressés aux apprenants. Ceci s’explique partiellement par le clivage entre la théorie phonétique/phonologique et la pratique pédagogique (incluant les connaissances des enseignants des L2 en typologie phonétique/phonologique) et partiellement par le fait que l’AC relève de l’enseignement explicite « atomistique » qui est parfois considéré comme non compatible avec l’approche communicative et actionnelle (Galazzi-Matasci & Pedoya, 1983; Champagne-Muzar & Bourdages, 1998; Guimbretière, 2012; Parizet, 2008).
Selon la première prémisse sous-jacente à ma réflexion, la prise de conscience (cf. « métaconscience » chez Pinard, 1992; Roberts & Erdos, 1993) sur le mécanisme de l’acquisition phonologique en générale et sur les différences phonologiques particulières entre la L1 et la L2 renforce l’autocontrôle et l’inhibition au cours de l’acquisition du système phonologique d’une L2 chez les adultes. Selon la deuxième prémisse, la comparaison de systèmes phonologiques n’est pas une procédure purement théorique ; elle peut trouver une application dans le milieu de pratique.
En partant de ces principes, je présente une activité d’apprentissage basée sur l’AC intégrée à l’approche actionnelle (par les tâches complexes) : modélisation d’un accent étranger sollicitée dans l’industrie du cinéma (doublage). La mise en situation encadrant l’activité est le rôle de conseiller linguistique auprès d’un acteur francophone qui doit prêter sa voix au personnage d’origine russe parlant le français avec un accent. Quels conseils peut-on donner à l’acteur ?
Dans ma présentation, je discuterai certaines questions du design de la modélisation de l’accent et son application à différents contextes d’apprentissage.
L’activité se déroule en plusieurs étages :
- mise en situation en langue cible;
- discussion sur le phénomène de l’accent du point de vue cognitif et neurodidactique;
- réflexion sur les outils conceptuels de l’analyse qui peuvent aider à accomplir la tâche;
- AC du répertoire de phonèmes russes vs français et le compte rendu sur des alternances conditionnées existantes (règles de prononciation);
- prédictions sur les difficultés qu’un russophone devrait éprouver lorsqu’il parle le français;
- écoute d’enregistrements où des russophones parlent français, dans le but de valider les prédictions formulées à l’étape précédente;
- résumé sous forme d’une liste de recommandations à l’acteur francophone : Si vous voulez simuler l’accent russe, prononcez...
Cette activité a été développée dans le cadre des cours de russe A.1.2, offerts aux étudiants francophones de l’Université de Montréal; elle a été employée dans le but de réviser, systématiser et approfondir les notions introduites au niveau A.1.1. Mais étant basée sur les principes universels de l’AC, cette activité d’apprentissage est applicable à toute L2.
L’exercice de modélisation de l’accent favorise également le renforcement de connaissances procédurales et de la métaconscience phonologiques chez les enseignants des L2, ce qui contribue au perfectionnement de leurs compétences professionnelles.