La théorie action-réseau: une grille d'analyse pour l'évolution d'un anthroposystème territorial
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Après la présentation de la notion d’anthroposystème territorial (AST) grâce à la description de notre potager, nous avons constaté qu’il était difficile d’en présenter son évolution pour des visiteurs désireux de commencer un « jardin ». D’abord, plusieurs « acteurs » sont à l’œuvre dans un potager : motoculteur, chrysomèles, marmottes… De plus, l’interaction entre ces acteurs est à l’origine de plusieurs modifications territoriales dans le temps pour le potager. L’étude du complexe acteurs-intentions-facteurs de production exige une grille d’analyse à la fois souple pour bien saisir la réalité potagère et simple à partager celle-ci sur le plan des principes généraux. La théorie action-réseau, développée par Michel Callon et Bruno Latour (1999, 2007), découverte et brièvement présentée dans le « Devoir de philo » du 22 novembre 2022, nous est apparue prometteuse pour aborder notre problématique. En prenant encore notre potager comme étude de cas, nous utiliserons les étapes d’étude définies par Latour (la problématisation, l’intéressement, l’enrôlement et la mobilisation) pour expliciter les relations entre les actants (humains et non humains). La particularité de cette théorie est de tenir compte non seulement des acteurs humains (selon une perspective plus classique) mais aussi des entités non-humaines comme les autres êtres vivants, les objets, les outils, les institutions… tous regroupés sous le terme de « actants » qui sont des réseaux en eux-mêmes, dans le processus de changement d’un fait social, ici un fait territorial. Les actants interagissent en hybridation pour produire, consolider et maintenir un système d’origine anthropique. La théorie action-réseau se révèle performante pour comprendre comment et pourquoi un anthroposystème territorial évolue et change dans le temps dans une direction donnée. L’intérêt de la théorie en géographie (ART) ne fait aucun doute pour rendre compte des « relations entre humain/nature» si chères aux géographes et essentielles à l’orientation de la discipline. L’adoption et l’adaptation de cette théorie en géographie innovent la démarche géographique car l’analyse des relations entre les actants-réseaux permet de découvrir directement (et non par une analyse décalée dans le temps) les liens entre la nature et les êtres humains.