Mobilisations et stratégies d’acteurs engagés face aux enjeux de transition écologique : regards croisés urbain-rural
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Les dernières années ont été marquées par une montée en puissance des préoccupations environnementales dans le contexte de la multiplication des signes du dérèglement bioclimatique et, plus récemment, de la pandémie de Covid-19. Si la prise en compte de l’environnement au sein des politiques publiques est parfois décrite comme étant dépolitisée et consensuelle (Syngwedouw, 2007), on observe pourtant de vifs débats sur le contenu de la notion de transition écologique, traduisant des oppositions marquées entre défenseurs d’un productivisme « vert » et partisans d’une transformation radicale de nos sociétés (Audet, 2016). Ces derniers dessinent une mosaïque d’initiatives et d’expérimentations institutionnelles ou citoyennes qui agissent comme autant de « fronts » (loin d’être unis) pour défendre et appliquer leurs idées (Flipo, 2013, Glasson, 2015, Villalba, 2022).
L’objectif de cette communication est de croiser les regards sur la mobilisation de ces acteurs en faveur d’une transition écologique à travers deux exemples de tels « fronts ». Le premier exemple analyse, dans le contexte urbain, les conditions d’un accès au pouvoir local inédit dans son ampleur des partis et militants écologistes lors des élections municipales françaises de 2020. Au cours de celles-ci, douze grandes villes ont élu des maires écologistes, notamment à Lyon, Marseille, Bordeaux ou Strasbourg, alors que les forces politiques vertes étaient longtemps restées en position marginale ou semi-périphériques. Ensuite, l’objectif est d’observer si cet accès au pouvoir se traduit par une accentuation des politiques publiques en faveur de la transition écologique, par des ruptures et des conflits idéologiques, et d’identifier un certain nombre de freins éventuels. Le deuxième exemple porte sur les écohameaux français et québécois, habitats communautaires et écologiques en milieu rural, qui témoignent de la détermination d’une partie de la société civile à mettre en pratique leurs convictions, et de leur volonté de transformer la société par le bas. Nous nous intéressons à la façon dont certains écohameaux et organismes de mise en réseau de telles initiatives, dont le nombre ne cesse de croître, entendent peser dans le débat public sur les enjeux de transition écologique et sur les politiques publiques à mettre en place pour y répondre. Sur ce point, ces acteurs semblent avoir le potentiel d’agir à la fois à l’échelle locale, individuellement, et (inter)nationale, par la constitution de réseaux.
Cette comparaison territoriale mobilise une approche pluridisciplinaire cherchant notamment à mettre en lumière la façon dont la politics, avec ses acteurs, leurs idéologies et leurs stratégies, influencent les policies en faveur de la transition écologique (Hugues, 2016). Ainsi, notre présentation s’inscrit au croisement de l’axe 1 et de l’axe 4, contribuant à la fois à identifier des facteurs de réussite dans les stratégies des acteurs et à analyser la façon dont les idéologies territoriales des acteurs, dans des contextes différents, contribuent à renouveler la vision politique de l’aménagement et l’occupation du territoire. En définitive, en croisant ces regards et répertoires d’actions, nous soulignons comment l’écologie politique comprise comme idéologie hétéroclite mobilise des acteurs divers qui, par leurs engagements, parviennent à faire advenir le changement.