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La patrimonialisation du tourisme comme industrie ? Pertinence et limite d’un élargissement de la notion de patrimoine industrie au cas des stations de ski alpines

Quoi:
Paper
Quand:
4:00 PM, Mardi 30 Août 2022 (20 minutes)
Comment:
La notion de patrimoine industriel a été construite autour de la volonté de sauvegarder et de donner sens aux traces, matérielles et immatérielles, de l’industrie entendue comme activité productive aux formes spécifiques. Elle s’est dressée contre l’assimilation de ces artefacts à une étape obsolescente dont l’effacement était nécessaire à l’évolution des communautés et de leurs territoires. Cette assimilation concerne désormais une gamme beaucoup plus large d’activités, transport, commerce, tourisme, qui ont en commun d’avoir été façonnées dans la période de haute croissance des années 1950-1980 et d’avoir été conçues selon un « modèle industriel » au sens de la massification et de la marchandisation de leurs usages. Le renouvellement de la remise en cause de ce modèle, pour des raisons non plus seulement sociales mais écologiques, réactive des volontés d’effacement, que les spécialistes du patrimoine industriel connaissent bien pour les avoir combattues. La conversion en partie réussie de la valeur des traces de l’industrie comme potentiellement patrimonialisables, a été réalisée à deux niveaux, convaincre du caractère historique de ces traces et convaincre de la nécessité de leur conservation/valorisation comme ressource nécessaire à l’évolution des communautés a contrario des arguments des promoteurs de leur disparition. La question se pose aujourd’hui de la possibilité et de la pertinence d’un transfert de ces mécanismes de patrimonialisation à d’autres formes de l’industrialisation et notamment à celles produites par le tourisme de masse, dont certaines sont d’ores et déjà en voie d’obsolescence voire de disparition, que nous aborderons à travers le cas des stations de ski alpines (168 stations sont réputées disparues en France seulement, la plupart très petites). Les mutations du système ski sont déjà bien travaillées, notamment dans le cadre d’un programme collectif de recherche consacré aux « transitions » en territoire de montagne (Labex Innovations et transitions territoriales en montagne, ) dans lequel cette proposition s’insère. Les Alpes présentent l’intérêt, outre leur caractère transnational, d’être un territoire à la fois naturel et très anciennement anthropisé, y compris par les formes récentes les plus visibles de l’industrie et du tourisme. La patrimonialisation de la nature y est active, notamment via les espaces protégés, celle de l’industrie très partielle notamment pour la grande industrie (cas des industries de l’aluminium), celle du tourisme de masse est très problématique. Dans une perspective territorialisée appuyée empiriquement, cette communication propose de penser dans un même mouvement la désindustrialisation des fonds de vallée et la « détouristification » des hauts et leur rapport à la patrimonialisation ou à son absence : renaturation ou réusage, camouflage ou mise en exergue de l’esthétique industrielle, sens enfin donné par les communautés et les touristes à ces artefacts caractéristique de la société industrielle. Il s’agira ainsi de contribuer à la réflexion sur la possibilité de « recharger » la notion de patrimoine industriel en l’élargissant à toutes les formes propres à la phase industrielle, au risque peut être de la dilution mais aussi d’un approfondissement de son sens historique.
Conférencier.ère
Université grenoble Alpes LARHRA
Professeur d'histoire contemporaine
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