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Que reste-t-il de l’ère aérospatiale ? Les défis d’un patrimoine industriel méconnu

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4:00 PM, Lundi 29 Août 2022 (20 minutes)
Attention : we are two speakers : Stuart W. Leslie & Laetitia Maison-Soulard Au début de la Guerre Froide, au sein du bloc de l'Ouest, les États-Unis et la France développent des complexes militaro-industriels constitués de bureaux, de laboratoires, d’ateliers et de cités pour loger leurs salariés. Témoins des enjeux scientifiques et techniques de la course à l’espace et à l’armement nucléaire, ces ensembles sont également le reflet des cultures nationales en matière d’aménagement du territoire et d’architecture. Deux régions, la Californie aux États-Unis et l’Aquitaine en France, accueillent alors une concentration d’établissements, exemplaires du Blue Sky Dream américain et de l’ère des Trente Glorieuses. Aujourd’hui, ce patrimoine de l’industrie aérospatiale reste méconnu. Encore largement en usage en France, il a été parfois réaffecté à de nouvelles activités aux États-Unis, quand il n’a pas été détruit. Notre communication vise donc à montrer comment nos récents travaux, mêlant histoire des sciences et histoire de l’architecture, fournissent des éléments qui sont autant d’atouts pour interpréter et préserver ce patrimoine de la Big Science qui a façonné de façon majeure ces territoires jusqu’à nos jours. Incarnation des ambitions du régime de savoirs forgé dans l’après-guerre, ce patrimoine aérospatial à l’évolution contrastée est donc l’occasion d’exposer aux citoyens une histoire sociale et culturelle des sciences dont nous retracerons les principaux apports, mis en valeur par une comparaison entre les deux pays. Ainsi, au cours des années 1950-1960, deux versions de l’aerospace modernism voient le jour dans le sud-ouest des États-Unis et de la France, dans le cadre d’une décentralisation souhaitée voire forcée (le cas en France), grâce à des architectes renommés tels qu’Albert C. Martin Jr., William Pereira ou Jean-Louis Fayeton, puisant leur inspiration dans les références au Mouvement moderne. Le Gouvernement américain fait ainsi construire un site de lancement (Vandenberg Air Force Base), tandis que des sociétés (comme Ramo- Wooldridge, Aerospace Corporation, Rocketdyne) édifient de vastes établissements dominés par le fonctionnalisme et le confort, offrant des bâtiments épurés, dans un environnement décoré de plans d’eau et de sculptures modernistes, agrémentés de zones résidentielles composées de villas. L’innovation est alors synonyme d’un nouveau style de vie. Au California Dream répond la reconstruction de la « grandeur » de la France chère au Général de Gaulle. La version française de l’industrie aérospatiale est, elle, conçue dans le cadre d'une planification nationale des activités industrielles, l'Etat imposant les implantations (de la Snecma, du Centre d’essais des missiles par exemple) autour de Bordeaux et sur la façade atlantique à la fois pour des raisons techniques, mais aussi idéologiques, souscrivant au leitmotiv de la décongestion de Paris. Du point de vue architectural, nombreuses sont les similitudes avec le modèle américain, même si les bâtiments sont à plus petite échelle, et s’ils restent empreints d’une logique de grand ensemble typique de l’époque des Trente Glorieuses. Interprété ainsi, replacé au sein des enjeux internationaux et nationaux qui l’ont fait naître, le patrimoine aérospatial dont nous héritons prend toute sa valeur. Ce qu’il en reste permet également de saisir l’ampleur du changement de paradigme opéré depuis sa constitution et devient l’occasion d’un débat avec les citoyens sur le rôle et l’usage de cet héritage dans la société contemporaine. Nous terminerons donc cette allocution en proposant quelques pistes de préservation et de valorisation du patrimoine aérospatial. Nous montrerons comment les données de cette histoire sociale et culturelle des sciences peuvent contribuer à trois enjeux : participer à une mémoire collective, tisser des liens avec la science d’aujourd’hui et reconsidérer les sites existants comme une ressource architecturale et spatiale, adaptable aux questions environnementales.

Laetitia Maison-Soulard

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