Au regard du tropisme patrimonial généralisé, le patrimoine, objet protéiforme, appartient désormais à un sens commun. Aussi, si la reconnaissance du patrimoine industriel a été tardive en France, il connaît aujourd’hui une réelle popularité. Cette communication mobilisera l’exemple du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais - territoire ancré dans la mémoire collective - qui a affiché un défi face au phénomène complexe de la désindustrialisation. En conjuguant patrimoine, culture et tourisme, il est devenu un cas emblématique à interroger afin de suivre la relation « faire patrimoine » et faire territoire ».

L’année 2012 s’entend comme le début d’une renaissance dans les Hauts de France, avec le double événement de l’inscription du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais au patrimoine de l’humanité - exemple le plus abouti en France de la valorisation du passé industriel - et de la création d’un musée de marque - un Louvre - situé à Lens. Le défi du renouvellement territorial est d’importance. Aussi l’action territoriale peut, voire doit, agir comme un moyen de modifier la ressource, le capital territorial et l’image de ce territoire. De territoire à l’abandon après le processus de désindustrialisation, le Bassin minier ambitionne de devenir territoire de « destination » ; de territoire purement productif, il ambitionne de devenir lieu culturel et de vie. En attirant les regards alors qu’ils s’en détournaient du temps de son fonctionnement, le Bassin minier souhaite acquérir et construire une légitimité plastique et culturelle. Le Nord-Pas-de-Calais, s’entend comme un véritable laboratoire en quête de développement/redéveloppement.

La transition trouve son origine dans l’innovation touristique, facteur de ré-enchantement de la désindustrialisation, de (re)mise en désir du Bassin minier et source de nouvelles images en construction. Cet exemple alimente la réflexion sur la trajectoire des lieux, enrichit les travaux sur l’image d’un territoire pointant le défi de la fabrique touristique de nouvelles images.Le recours au patrimoine et à la culture s’entend comme le support d’une dynamique touristique en cours. Le lien entre patrimoine et tourisme devient alors consensuel, cette co-construction enrichit traditionnellement l’image de la destination, permettra-t-elle de fonder un nouveau capital territorial, concept emprunté au courant de l’économie territoriale ?